• Hermeto Pascoal, l’allumé tropical

Hermeto Pascoal, l’allumé tropical


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Réalisateur

Billon Yves

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JE SUIS MUSIQUE

Un rare documentaire sur celui dont Miles Davis disait qu’il était le musicien qui l’avait le plus impressionné.
Hermeto Pascoal est un musicien hors du commun : accordéoniste, flÌutiste, clavieriste, percussionniste, joueur de tuba et de saxophone ou encore de théière car il n’hésite pas à transformer en instrument de musique tout objet apparemment anodin. Il peut jouer des percussion en tapant dans l’eau au milieu d’une piscine, en faisant résonner des stalactites dans une grotte, caqueter des poules, chanter des cochons, partout dans la nature dialoguant avec les oiseaux ... Il vit au Brésil en communauté avec ses amis musicien et chaque instant de sa vie est musique, échange, création. Bien bien vivre en ce monde, il faut au moins commencer et terminer ses journées en écoutant un peu de Hermeto Pascoal.

LE RÉALISATEUR-PRODUCTEUR YVES BILLON

Réalisateur, producteur de documentaires. Il fut également fondateur des sociétés de production Les Films du Village et Zaradoc. Il a réalisé plus d’une centaine de documentaires dont plusieurs sur l’Amérique latine et les musiques du monde. Il nous a quitté en 2021.

BIOGRAPHIE DE HERMETO PASCOAL

Né le 22 juin 1936 au Brésil à Lagoa da Conoa, Arapiraca (État d’Alagoas - Nordeste), Hermeto Pascoal entreprend, dès l’âge de dix ans la pratique de la flûte et de l’accordéon. Très rapidement il se produit en duo avec son frère aîné, José Neto.
Déjà enfant, il aimait se promener dans les champs et les futaies, écouter le bruit de l’eau des rivières, le souffle du vent dans les feuillages, les chants des oiseaux. Avec tout ce qu’il trouvait dans la forêt, il fabriquait des instruments : flûtes ou tambours. Les vaches, les passereaux et les rapaces furent ses premiers auditeurs. Le premier contact qu’il eut avec la musique a été celui des emboladas, des joutes poétiques et satiriques qui se déroulent sur les marchés. Deux compères improvisent des récits dans lesquels les spectateurs sont pris à partie. Musique chantée caractérisée par la rapidité de son rythme et par une diction ininterrompue entraînant un mélange de mots qui s’enchevêtrent.

En 1950 à la faveur d’un déménagement de la famille à Recife – capitale de l’État du Pernambuco - les deux frères sont appelés à jouer ensemble de l’accordéon pour les radios locales. Il lui faudra attendre 1964, pour que débute véritablement sa carrière, participant à plusieurs enregistrements et interprétant ce que l’on appelait alors de la musique à danser. Dans les fêtes populaires - forrós - il retrouve les mélodies folkloriques – baião, frevo, maracatu, côco, dont il va plus ou moins s’inspirer. Ses albums qu’il enregistre, aujourd’hui considérés vintages, ont créé des musiques novatrices révolutionnant la bossa-nova et plus particulièrement le jazz brésilien.

Adoubé par Sivuca, autre transformateur de la musique Nordestine, Hermeto Pascoal rejoint à Rio de Janeiro le Trio Novo, devenu en 1967 Quarteto Novo. La même année au cours du festival Música Popular Brasileira, ce ne sont ni Elis Regina, Chico Buarque, Caetano Veloso ou Gilberto Gil qui sont récompensés, mais ce sont Marilia Medalha et Edu Lobo sur des arrangements du Quarteto Novo avec le flûtiste Hermeto Pascoal qui obtiennent le Grand prix.

Invité en 1970 par Miles Davis à participer à l’enregistrement de Live-Evil, disque dans lequel il joua plusieurs de ses compositions, il reçut alors cet hommage rendu par le trompettiste américain « Hermeto Pascoal est le musicien le plus impressionnant au monde ». Par la suite, des musiciens brésiliens comme Airto Moreira et Flora Purim l’accompagnèrent dans sa démarche novatrice. À partir de la fin des années soixante-dix, il se produit dans les différents groupes à géométrie variable qu’il constitue selon les circonstances de la vie. Ainsi il jouera dans divers lieux prestigieux dans lesquels il est invité : le Festival de Montreux (1979), l’Esplanade de la Défense à Paris, Jazz à Sète et Jazz à Vienne (2018) et en février 2020 à Maisons Alfort pour le Festival Sons d’hiver…

Robert Grélier.

HERMETO PASCOAL ET LES QUATRE ÉLÉMENTS

par Robert GRÉLIER

Hermeto Pascoal fit de la terre, de l’eau, du vent et du feu la matière première de sa musique. Quatre noyaux durs susceptibles de prolonger « la lumière des origines » comme le suggérait Gaston Bachelard. Combinés, les quatre éléments entrent dans un récit en boucles décalé, tout en indiquant l’enjeu d’un trajet spiroïdal. C’est parce qu’il a une confiance éperdue dans les sons qu’il emprunte ici et là tout ce qui peut nourrir sa langue. Électron libre il condense l’énergie et précipite la dispersion tout en donnant la parole aux paysages. La couleur de sa peau est blanchâtre, comme sa barbe et ses longs cheveux et ses yeux qu’il camoufle derrière des lunettes ne lui servent qu’à écrire chaque jour une nouvelle composition. Il ne rejoue quasiment jamais la même partition. Les échos traversent les épreuves assignées à la réécriture musicale ; celle-ci fait entendre parfois le souvenir de thèmes récurrents. Pour lui l’écriture c’est la mémoire. Les sons adventices sont comme des galets dans la mer, ils se lissent à l’usage. La vibration est un son en formation ; c’est la raison pour laquelle le bruit d’un moteur de camion peut devenir un son qui peu à peu se transforme en notes dans la fêlure des silences et derrière des vitres safranées. Dans la vie tout est rythme et mélodie.
Chaque jour il bâtit des cathédrales dans lesquelles fresques et vitraux se côtoient en toute indépendance pour une célébration à ciel ouvert. Ingénieur des sons, botaniste des musiques, il assemble non pas en collectionneur, mais en explorateur et anthropologue. Ce sont constamment des intonations synonymes d’un grand bonheur et toujours dans un dialogue fertile. Subvertir la transhumance des notes pour une mise en relation de l’espace, de la parole et des images, tel est son but. L’enjeu de ses convictions s’articule autour de quelques phrases sans points de suture, qu’il transforme à chaque concert en « Musique du jour ».

La terre qu’il n’a jamais quittée depuis son enfance où il arpentait les sous-bois du Nordeste, lui rend son aspect crayeux et acide. Argile asséchée, craquelée par le soleil, sable blanc aride et sans perspective de manger à sa faim. Hermeto est dans le saxophone qui se plaint de sa solitude. Matière dure, translucide, fluide, se multipliant à l’infini, tissant les fibres de la mémoire. Dans ce monde minéral nous rencontrons rochers inertes, amoncellement de cailloux voués au repos séculaire, tandis que le bois et le fer s’arrogent l’étrangeté de la sagesse. Ici au-delà des gravats, ce sont les murs des façades bleus ou jaunes, aux peintures écorchées, herbes engourdies et usées par des pieds nus. Le rouge et le violet se lancent à l’assaut de l’ocre étourdi. Souvent affleure une matière fluide, mobile et multiple que l’œil et surtout l’oreille acceptent de suivre dans l’écheveau de fils emmêlés et d’un récit jamais terminé.

Soleil blanc aux lèvres froides comme le son alibi du rêve. L’eau qui n’arrête pas d’envahir tous les regards sédimentés. Et cette pluie hostile des phrases prises en otage. Hermeto Pascoal voit le triomphe de l’ordre dans l’affirmation du désordre contrôlé. Barges échouées dans l’intrication de lianes et de branches de cette forêt tropicale. Comme le feu, l’eau a ses faiblesses et sa seule façon d’avancer c’est de suivre la pente. Dans une grotte à l’énigme labyrinthique, les stalagmites et stalactites de calcaire se rejoignent pour former d’étonnants instruments de percussion. La piscine envahie par tous les musiciens du groupe devient le lieu d’une quête de borborygmes, car pour cet instrumentiste inclassable tout est producteur d’intonation et de mélodies. Expérience maîtrisée qui donne vie et une autre façon d’utiliser l’eau, l’un des biens les plus précieux du Nordeste, souvent confronté à des sécheresses légendaires. Là, sur une rivière détournée, la roue à aubes d’un moulin entraîne dans sa marche une clarinette désinvolte aux assemblages de notes stridentes.

Le vent s’engouffre sous les jupes des filles, mais s’infiltre dans l’embouchure des flûtes, des clarinettes, des trompettes et des saxophones. Sur un kaléidoscope traces sonores et surfaces colorées. Parole elliptique embourbée dans la tourbe du chorus. Il densifie la phrase déchirée. Souches calcinées, fougères rétives. Chaises, tables, ustensiles de cuisine possèdent leur propre richesse et séduisent le shaman à l’imagination débordante. Le son d’un couteau sur une assiette retournée est aussi important que la voix d’Yves Montand. Pour Hermeto Pascoal le temps ne se coagule point, il est rire, cris et séduction. Déferlement sauvage, brutal approuvant le saxophone toujours prompt à trouer le silence. Comme un train à vapeur qui s’échauffe avant de démarrer, tous les musiciens gravissent marche après marche les résonances métalliques d’une usine textile du XIXe siècle. Le berimbau, instrument privilégié des lutteurs de capoeira souligne l’esquive originale.

Le feu dépose des cendres dans cette pâte à modeler sonore manipulée par le compositeur. Arbres réduits en débris, brasier de ronces dans le Sertão. Les flammes brûlent tout sur leurs passages, elles éradiquent les conventions et l’académisme pour atteindre par l’écriture ensoleillée, une musique de chair et de sang afin de partager des souvenirs en commun. Des accords qui relèvent d’une combustion inachevée, tel du minerai en fusion. Aucun déchiffrement mathématique n’est rendu possible dans ce tintement de clochettes. Il est temps de crier. Gratter la chaux pour retrouver la trace des graffitis sur les murs griffés, lézardés, brûlés, décrépits. C’est un art de la parade tourné entièrement vers la défense de la liberté. Le solaire Hermeto Pascoal ne perd pas de vue cette phrase de Gaston Bachelard « Pour être heureux, il faut penser au bonheur des autres ».


  • Hermeto Pascoal

    Hermeto Pascoal


    Langue : Multilingue
  • Produit par Zaradoc
  • Proposé par <p>Zaradoc</p>
  • Année de sortie 1997
  • Pays de production France
  • Langue VOST
  • Durée 52mn

JE SUIS MUSIQUE

Un rare documentaire sur celui dont Miles Davis disait qu’il était le musicien qui l’avait le plus impressionné.
Hermeto Pascoal est un musicien hors du commun : accordéoniste, flÌutiste, clavieriste, percussionniste, joueur de tuba et de saxophone ou encore de théière car il n’hésite pas à transformer en instrument de musique tout objet apparemment anodin. Il peut jouer des percussion en tapant dans l’eau au milieu d’une piscine, en faisant résonner des stalactites dans une grotte, caqueter des poules, chanter des cochons, partout dans la nature dialoguant avec les oiseaux ... Il vit au Brésil en communauté avec ses amis musicien et chaque instant de sa vie est musique, échange, création. Bien bien vivre en ce monde, il faut au moins commencer et terminer ses journées en écoutant un peu de Hermeto Pascoal.

LE RÉALISATEUR-PRODUCTEUR YVES BILLON

Réalisateur, producteur de documentaires. Il fut également fondateur des sociétés de production Les Films du Village et Zaradoc. Il a réalisé plus d’une centaine de documentaires dont plusieurs sur l’Amérique latine et les musiques du monde. Il nous a quitté en 2021.

BIOGRAPHIE DE HERMETO PASCOAL

Né le 22 juin 1936 au Brésil à Lagoa da Conoa, Arapiraca (État d’Alagoas - Nordeste), Hermeto Pascoal entreprend, dès l’âge de dix ans la pratique de la flûte et de l’accordéon. Très rapidement il se produit en duo avec son frère aîné, José Neto.
Déjà enfant, il aimait se promener dans les champs et les futaies, écouter le bruit de l’eau des rivières, le souffle du vent dans les feuillages, les chants des oiseaux. Avec tout ce qu’il trouvait dans la forêt, il fabriquait des instruments : flûtes ou tambours. Les vaches, les passereaux et les rapaces furent ses premiers auditeurs. Le premier contact qu’il eut avec la musique a été celui des emboladas, des joutes poétiques et satiriques qui se déroulent sur les marchés. Deux compères improvisent des récits dans lesquels les spectateurs sont pris à partie. Musique chantée caractérisée par la rapidité de son rythme et par une diction ininterrompue entraînant un mélange de mots qui s’enchevêtrent.

En 1950 à la faveur d’un déménagement de la famille à Recife – capitale de l’État du Pernambuco - les deux frères sont appelés à jouer ensemble de l’accordéon pour les radios locales. Il lui faudra attendre 1964, pour que débute véritablement sa carrière, participant à plusieurs enregistrements et interprétant ce que l’on appelait alors de la musique à danser. Dans les fêtes populaires - forrós - il retrouve les mélodies folkloriques – baião, frevo, maracatu, côco, dont il va plus ou moins s’inspirer. Ses albums qu’il enregistre, aujourd’hui considérés vintages, ont créé des musiques novatrices révolutionnant la bossa-nova et plus particulièrement le jazz brésilien.

Adoubé par Sivuca, autre transformateur de la musique Nordestine, Hermeto Pascoal rejoint à Rio de Janeiro le Trio Novo, devenu en 1967 Quarteto Novo. La même année au cours du festival Música Popular Brasileira, ce ne sont ni Elis Regina, Chico Buarque, Caetano Veloso ou Gilberto Gil qui sont récompensés, mais ce sont Marilia Medalha et Edu Lobo sur des arrangements du Quarteto Novo avec le flûtiste Hermeto Pascoal qui obtiennent le Grand prix.

Invité en 1970 par Miles Davis à participer à l’enregistrement de Live-Evil, disque dans lequel il joua plusieurs de ses compositions, il reçut alors cet hommage rendu par le trompettiste américain « Hermeto Pascoal est le musicien le plus impressionnant au monde ». Par la suite, des musiciens brésiliens comme Airto Moreira et Flora Purim l’accompagnèrent dans sa démarche novatrice. À partir de la fin des années soixante-dix, il se produit dans les différents groupes à géométrie variable qu’il constitue selon les circonstances de la vie. Ainsi il jouera dans divers lieux prestigieux dans lesquels il est invité : le Festival de Montreux (1979), l’Esplanade de la Défense à Paris, Jazz à Sète et Jazz à Vienne (2018) et en février 2020 à Maisons Alfort pour le Festival Sons d’hiver…

Robert Grélier.

HERMETO PASCOAL ET LES QUATRE ÉLÉMENTS

par Robert GRÉLIER

Hermeto Pascoal fit de la terre, de l’eau, du vent et du feu la matière première de sa musique. Quatre noyaux durs susceptibles de prolonger « la lumière des origines » comme le suggérait Gaston Bachelard. Combinés, les quatre éléments entrent dans un récit en boucles décalé, tout en indiquant l’enjeu d’un trajet spiroïdal. C’est parce qu’il a une confiance éperdue dans les sons qu’il emprunte ici et là tout ce qui peut nourrir sa langue. Électron libre il condense l’énergie et précipite la dispersion tout en donnant la parole aux paysages. La couleur de sa peau est blanchâtre, comme sa barbe et ses longs cheveux et ses yeux qu’il camoufle derrière des lunettes ne lui servent qu’à écrire chaque jour une nouvelle composition. Il ne rejoue quasiment jamais la même partition. Les échos traversent les épreuves assignées à la réécriture musicale ; celle-ci fait entendre parfois le souvenir de thèmes récurrents. Pour lui l’écriture c’est la mémoire. Les sons adventices sont comme des galets dans la mer, ils se lissent à l’usage. La vibration est un son en formation ; c’est la raison pour laquelle le bruit d’un moteur de camion peut devenir un son qui peu à peu se transforme en notes dans la fêlure des silences et derrière des vitres safranées. Dans la vie tout est rythme et mélodie.
Chaque jour il bâtit des cathédrales dans lesquelles fresques et vitraux se côtoient en toute indépendance pour une célébration à ciel ouvert. Ingénieur des sons, botaniste des musiques, il assemble non pas en collectionneur, mais en explorateur et anthropologue. Ce sont constamment des intonations synonymes d’un grand bonheur et toujours dans un dialogue fertile. Subvertir la transhumance des notes pour une mise en relation de l’espace, de la parole et des images, tel est son but. L’enjeu de ses convictions s’articule autour de quelques phrases sans points de suture, qu’il transforme à chaque concert en « Musique du jour ».

La terre qu’il n’a jamais quittée depuis son enfance où il arpentait les sous-bois du Nordeste, lui rend son aspect crayeux et acide. Argile asséchée, craquelée par le soleil, sable blanc aride et sans perspective de manger à sa faim. Hermeto est dans le saxophone qui se plaint de sa solitude. Matière dure, translucide, fluide, se multipliant à l’infini, tissant les fibres de la mémoire. Dans ce monde minéral nous rencontrons rochers inertes, amoncellement de cailloux voués au repos séculaire, tandis que le bois et le fer s’arrogent l’étrangeté de la sagesse. Ici au-delà des gravats, ce sont les murs des façades bleus ou jaunes, aux peintures écorchées, herbes engourdies et usées par des pieds nus. Le rouge et le violet se lancent à l’assaut de l’ocre étourdi. Souvent affleure une matière fluide, mobile et multiple que l’œil et surtout l’oreille acceptent de suivre dans l’écheveau de fils emmêlés et d’un récit jamais terminé.

Soleil blanc aux lèvres froides comme le son alibi du rêve. L’eau qui n’arrête pas d’envahir tous les regards sédimentés. Et cette pluie hostile des phrases prises en otage. Hermeto Pascoal voit le triomphe de l’ordre dans l’affirmation du désordre contrôlé. Barges échouées dans l’intrication de lianes et de branches de cette forêt tropicale. Comme le feu, l’eau a ses faiblesses et sa seule façon d’avancer c’est de suivre la pente. Dans une grotte à l’énigme labyrinthique, les stalagmites et stalactites de calcaire se rejoignent pour former d’étonnants instruments de percussion. La piscine envahie par tous les musiciens du groupe devient le lieu d’une quête de borborygmes, car pour cet instrumentiste inclassable tout est producteur d’intonation et de mélodies. Expérience maîtrisée qui donne vie et une autre façon d’utiliser l’eau, l’un des biens les plus précieux du Nordeste, souvent confronté à des sécheresses légendaires. Là, sur une rivière détournée, la roue à aubes d’un moulin entraîne dans sa marche une clarinette désinvolte aux assemblages de notes stridentes.

Le vent s’engouffre sous les jupes des filles, mais s’infiltre dans l’embouchure des flûtes, des clarinettes, des trompettes et des saxophones. Sur un kaléidoscope traces sonores et surfaces colorées. Parole elliptique embourbée dans la tourbe du chorus. Il densifie la phrase déchirée. Souches calcinées, fougères rétives. Chaises, tables, ustensiles de cuisine possèdent leur propre richesse et séduisent le shaman à l’imagination débordante. Le son d’un couteau sur une assiette retournée est aussi important que la voix d’Yves Montand. Pour Hermeto Pascoal le temps ne se coagule point, il est rire, cris et séduction. Déferlement sauvage, brutal approuvant le saxophone toujours prompt à trouer le silence. Comme un train à vapeur qui s’échauffe avant de démarrer, tous les musiciens gravissent marche après marche les résonances métalliques d’une usine textile du XIXe siècle. Le berimbau, instrument privilégié des lutteurs de capoeira souligne l’esquive originale.

Le feu dépose des cendres dans cette pâte à modeler sonore manipulée par le compositeur. Arbres réduits en débris, brasier de ronces dans le Sertão. Les flammes brûlent tout sur leurs passages, elles éradiquent les conventions et l’académisme pour atteindre par l’écriture ensoleillée, une musique de chair et de sang afin de partager des souvenirs en commun. Des accords qui relèvent d’une combustion inachevée, tel du minerai en fusion. Aucun déchiffrement mathématique n’est rendu possible dans ce tintement de clochettes. Il est temps de crier. Gratter la chaux pour retrouver la trace des graffitis sur les murs griffés, lézardés, brûlés, décrépits. C’est un art de la parade tourné entièrement vers la défense de la liberté. Le solaire Hermeto Pascoal ne perd pas de vue cette phrase de Gaston Bachelard « Pour être heureux, il faut penser au bonheur des autres ».


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