Réalisateur | Slátan Dudow |
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Kuhle Wampe (Ventres glacés) « À qui appartient le monde ? »
Berlin, 1931. La famille Bönike tâche de survivre grâce au seul salaire d’Anni, la fille, employée dans une usine. Les Bönike vont être contraints de déménager dans un campement appelé « Kuhle Wampe », géré par des ouvriers communistes… Coupé à de nombreuses reprises par la censure et interdit par les nazis, ce drame ouvrier, produit d’abord par Prometheus (Berlin), puis terminé par Praesens-Film (Zurich), est l’un des films politiques les plus importants de cette époque. Sur un scénario de Bertolt Brecht, il dresse le portrait de l’Allemagne ouvrière du début des années 1930 : le désespoir des innombrables chômeurs dans Berlin, mais aussi les tentatives de construction d’une lutte collective et solidaire.
Un film de Slátan Dudow - Scénario : Bertolt Brecht, Ernst Ottwalt - Image : Günther Krampf - Son : Carl Erich Kroschke, Michelis - Musique originale : Hanns Eisler
Copie restaurée.
Kuhle Wampe est sorti à Berlin en mai 1932, juste avant l’arrivée au pouvoir des nazis. Il fut censuré pour son caractère propagandiste, communiste qui insultait la justice et la religion, même si ce n’est pas les sujets du film. La censure a considéré ce film comme « un danger pour la sécurité publique et l’État ». Bertolt Brecht, co-scénariste du film, complimenta ironiquement le censeur, en déclarant qu’il était le seul à avoir vraiment compris le film. Après des protestations de la gauche et d’une partie de la presse, l’interdiction fut levée sous certaines conditions (interdiction aux mineurs, retrait de certains passages). Neuf mois plus tard, les nazis au pouvoir interdisent de nouveau le film, durablement.
L’œuvre de Brecht est brulée lors de l’autodafé du 10 mai 1933. Déchu de sa nationalité allemande, Brecht sera forcé à l’exil, en Suède puis aux États-Unis. Slátan Dudow émigre à Paris, et avec une copie du film qui sera ainsi sauvé. Après 1955, le film entamera une nouvelle vie.
En ce qui nous concerne, en France, nous avons redécouvert Khule Wampe grâce à l’édition et le sous-titrage en Français de K-Films (merci à Klauss Gerke) et nous vous le présentons enfin en exclusivité sur CinéMutins en version restaurée et sous-titrée.
Khule Wampe témoigne d’un communisme originel, en Allemagne au début des années 30, au moment où tout va basculer. Un de ces moments de l’histoire où les forces sont opposées et où tout devient possible. Au regard du film, on se dit que tout aurait pu aller dans l’autre sens. Mais les nazis ont gagné. Tout est déjà là, dans chaque séquence qui résonne avec ce que l’on sait de la suite de l’histoire. Des choses qui nous parlent aussi de notre temps. La crise, le désespoir, la fracture de la société… et en même temps, l’espoir collectif, la solidarité qui permet de s’en sortir, une solidarité de classe, féministe, humaniste, l’énergie d’une jeunesse en mouvement, l’engagement. La scène finale dans un transport en commun bondé où les gens commentent la lecture du journal est un monument d’analyse politique et sociale qui vaut encore aujourd’hui.
« Qui changera le monde ? » ricane un homme cynique défiant la jeunesse arrogante. « Ceux à qui ça ne plait pas ! » réplique une jeune ouvrière.
Avant tout, ce film est beau, de cette beauté étrange des années 30 et la chanson qui vous prend aux tripes : « En avant ! Et n’oubliez pas ce qui fait notre force. Ventre plein ou ventre affamé. En avant ! Et n’oubliez pas : la solidarité ! »
Kuhle Wampe (Ventres glacés) « À qui appartient le monde ? »
Berlin, 1931. La famille Bönike tâche de survivre grâce au seul salaire d’Anni, la fille, employée dans une usine. Les Bönike vont être contraints de déménager dans un campement appelé « Kuhle Wampe », géré par des ouvriers communistes… Coupé à de nombreuses reprises par la censure et interdit par les nazis, ce drame ouvrier, produit d’abord par Prometheus (Berlin), puis terminé par Praesens-Film (Zurich), est l’un des films politiques les plus importants de cette époque. Sur un scénario de Bertolt Brecht, il dresse le portrait de l’Allemagne ouvrière du début des années 1930 : le désespoir des innombrables chômeurs dans Berlin, mais aussi les tentatives de construction d’une lutte collective et solidaire.
Un film de Slátan Dudow - Scénario : Bertolt Brecht, Ernst Ottwalt - Image : Günther Krampf - Son : Carl Erich Kroschke, Michelis - Musique originale : Hanns Eisler
Copie restaurée.
Kuhle Wampe est sorti à Berlin en mai 1932, juste avant l’arrivée au pouvoir des nazis. Il fut censuré pour son caractère propagandiste, communiste qui insultait la justice et la religion, même si ce n’est pas les sujets du film. La censure a considéré ce film comme « un danger pour la sécurité publique et l’État ». Bertolt Brecht, co-scénariste du film, complimenta ironiquement le censeur, en déclarant qu’il était le seul à avoir vraiment compris le film. Après des protestations de la gauche et d’une partie de la presse, l’interdiction fut levée sous certaines conditions (interdiction aux mineurs, retrait de certains passages). Neuf mois plus tard, les nazis au pouvoir interdisent de nouveau le film, durablement.
L’œuvre de Brecht est brulée lors de l’autodafé du 10 mai 1933. Déchu de sa nationalité allemande, Brecht sera forcé à l’exil, en Suède puis aux États-Unis. Slátan Dudow émigre à Paris, et avec une copie du film qui sera ainsi sauvé. Après 1955, le film entamera une nouvelle vie.
En ce qui nous concerne, en France, nous avons redécouvert Khule Wampe grâce à l’édition et le sous-titrage en Français de K-Films (merci à Klauss Gerke) et nous vous le présentons enfin en exclusivité sur CinéMutins en version restaurée et sous-titrée.
Khule Wampe témoigne d’un communisme originel, en Allemagne au début des années 30, au moment où tout va basculer. Un de ces moments de l’histoire où les forces sont opposées et où tout devient possible. Au regard du film, on se dit que tout aurait pu aller dans l’autre sens. Mais les nazis ont gagné. Tout est déjà là, dans chaque séquence qui résonne avec ce que l’on sait de la suite de l’histoire. Des choses qui nous parlent aussi de notre temps. La crise, le désespoir, la fracture de la société… et en même temps, l’espoir collectif, la solidarité qui permet de s’en sortir, une solidarité de classe, féministe, humaniste, l’énergie d’une jeunesse en mouvement, l’engagement. La scène finale dans un transport en commun bondé où les gens commentent la lecture du journal est un monument d’analyse politique et sociale qui vaut encore aujourd’hui.
« Qui changera le monde ? » ricane un homme cynique défiant la jeunesse arrogante. « Ceux à qui ça ne plait pas ! » réplique une jeune ouvrière.
Avant tout, ce film est beau, de cette beauté étrange des années 30 et la chanson qui vous prend aux tripes : « En avant ! Et n’oubliez pas ce qui fait notre force. Ventre plein ou ventre affamé. En avant ! Et n’oubliez pas : la solidarité ! »
Kuhle Wampe (Ventres glacés)