Réalisateur | Allio René |
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« J’ai pris le parti pour Les Camisards, le parti de raconter du point de vue des opprimés » - René Allio
Le 18 octobre 1685, l’Édit de Nantes est révoqué et le culte protestant, de nouveau interdit. Dans les Cévennes, la résistance s’arme et les victimes « deviennent bourreaux ». Tandis que les curés catholiques serinent aux foules qu’ils sont « leur garant par-devers Dieu et le roi », en 1702, le groupe de Gédéon Laporte se met en place pour défendre la liberté de conscience contre l’intolérance et les troupes emmenées par le capitaine Poul. La répression est féroce ; peut-être parce que ce qui se joue face à elle, bien plus qu’un conflit religieux, est la défense d’une dignité populaire.
Avec : Philippe Clévenot, Dominique Labourier, Rufus...
Par sa rigueur et sa lucidité, le récit de René Allio m’a souvent fait penser au beau film de Roberto Rossellini : la Prise du pouvoir par Louis XIV. On y trouve le même souci d’analyser sans complaisance certaines données historiques, et le même réalisme, si l’on peut appeler réalisme le strict respect de la vérité, celle des faits et celle des textes.
La révolte des camisards, paysans et artisans des Cévennes, opprimés dans leur foi et leur culture, et victimes de sanglantes répressions à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, pouvait inspirer un film d’action romantique et romanesque, plein d’héroïsme et de folles équipées. René Allio n’a négligé ni l’héroïsme ni la folie, mais aux éclats du pur spectacle il a préféré la rumeur des sentiments profonds. Cette petite bande de maquisards, de guérilleros de Dieu, qui, en 1702 (c’est-à-dire au début du soulèvement), harcèlent dans les fourrés et les bois cévenols les dragons du capitaine Poul, ce sont les éternels combattants du droit et de la liberté. Même si la foi qui les anime revêt chez certains de leurs " prophètes " la forme d’un mysticisme délirant, cette foi dépasse la simple conviction religieuse et se confond à nos yeux avec la certitude et le courage de tous ceux qui, au cours de l’histoire, ont pris les armes pour défendre leur honneur et leur dignité.
Le vrai sujet du film est dans l’expression dramatique de cet Instinct populaire, de cet élan irrésistible, qui poussèrent un jour de pauvres gens, pourtant habitués aux pires exactions, à se dresser contre l’intolérance du pouvoir royal. Leur lutte se réduit à quelques escarmouches et à des actions punitives contre " les traîtres et les papistes ", mais l’intensité de leur drame nous est révélée par les extraits du " journal " de l’un d’eux (incarné par Rufus), texte écrit dans la langue drue et savoureuse du siècle et qui sert de commentaire au récit.
Jean de Baroncelli - Le Monde - 1972
- Les histoires de René Allio - Vol. 1 (4 DVD - LIVRE)
« J’ai pris le parti pour Les Camisards, le parti de raconter du point de vue des opprimés » - René Allio
Le 18 octobre 1685, l’Édit de Nantes est révoqué et le culte protestant, de nouveau interdit. Dans les Cévennes, la résistance s’arme et les victimes « deviennent bourreaux ». Tandis que les curés catholiques serinent aux foules qu’ils sont « leur garant par-devers Dieu et le roi », en 1702, le groupe de Gédéon Laporte se met en place pour défendre la liberté de conscience contre l’intolérance et les troupes emmenées par le capitaine Poul. La répression est féroce ; peut-être parce que ce qui se joue face à elle, bien plus qu’un conflit religieux, est la défense d’une dignité populaire.
Avec : Philippe Clévenot, Dominique Labourier, Rufus...
Par sa rigueur et sa lucidité, le récit de René Allio m’a souvent fait penser au beau film de Roberto Rossellini : la Prise du pouvoir par Louis XIV. On y trouve le même souci d’analyser sans complaisance certaines données historiques, et le même réalisme, si l’on peut appeler réalisme le strict respect de la vérité, celle des faits et celle des textes.
La révolte des camisards, paysans et artisans des Cévennes, opprimés dans leur foi et leur culture, et victimes de sanglantes répressions à la suite de la révocation de l’édit de Nantes, pouvait inspirer un film d’action romantique et romanesque, plein d’héroïsme et de folles équipées. René Allio n’a négligé ni l’héroïsme ni la folie, mais aux éclats du pur spectacle il a préféré la rumeur des sentiments profonds. Cette petite bande de maquisards, de guérilleros de Dieu, qui, en 1702 (c’est-à-dire au début du soulèvement), harcèlent dans les fourrés et les bois cévenols les dragons du capitaine Poul, ce sont les éternels combattants du droit et de la liberté. Même si la foi qui les anime revêt chez certains de leurs " prophètes " la forme d’un mysticisme délirant, cette foi dépasse la simple conviction religieuse et se confond à nos yeux avec la certitude et le courage de tous ceux qui, au cours de l’histoire, ont pris les armes pour défendre leur honneur et leur dignité.
Le vrai sujet du film est dans l’expression dramatique de cet Instinct populaire, de cet élan irrésistible, qui poussèrent un jour de pauvres gens, pourtant habitués aux pires exactions, à se dresser contre l’intolérance du pouvoir royal. Leur lutte se réduit à quelques escarmouches et à des actions punitives contre " les traîtres et les papistes ", mais l’intensité de leur drame nous est révélée par les extraits du " journal " de l’un d’eux (incarné par Rufus), texte écrit dans la langue drue et savoureuse du siècle et qui sert de commentaire au récit.
Jean de Baroncelli - Le Monde - 1972
- Les histoires de René Allio - Vol. 1 (4 DVD - LIVRE)
Les camisards