• Au Poste Ciné-Mutins Club : Chili, 50 ans après l’autre 11 septembre

Au Poste Ciné-Mutins Club : Chili, 50 ans après l’autre 11 septembre






Multi-supports
Prix :

Choisissez votre mode d'accès :

Partager sur

À l'occasion de la première séance d'Au Poste Ciné-Mutins club, nous vous proposons en VOD le programme de cette soirée consacrée à l'expérience de l'Union Populaire chilienne sous le mandat de Salvador Allende jusqu'au coup d'Etat (11 septembre 1973)

Le premier Au Poste Ciné-Mutins club s'est tenu le 7 septembre à Césure (l'ancien campus de la Fac de Censier à Paris 5e). Les projections ont été suivies d'un live sur auposte.fr avec la réalisatrice du film "Les enfants des mille jours" Claudia Soto Mansilla, l'historienne Eugénia Paliéraki, auteure de "Naissance d'une révolution - Histoire critique du MIR chilien" (Éditions Terres de feu, 2023) et Clément Perrot, réalisateur. La soirée était animée par David Dufresne (Au poste) et Olivier Azam (Cinémutins)

 

ON VOUS PARLE DU CHILI : Ce que disait Allende

Interview de Salvador Allende par Régis Debray
Un film de Chris Marker (1973 - Iskra - 15 min)

« Je crois que la bourgeoisie part d’une erreur, qui fait de l’homme le facteur essentiel dans un processus social. Nous, nous savons que c’est le peuple, que ce sont les masses. Ce qui n’empêche pas qu’un homme peut avoir une influence déterminée à un moment donné. (…) Pour le Chili, bon, s’ils m’assassinent, le peuple suivra sa route. Avec la différence que les choses seront plus dures, plus violentes. Parce que pour le peuple ce sera une leçon très claire, très objective : que ces gens-là ne reculent devant rien… » Salvador Allende

"On vous parle de" est une série de documentaires de contre-information créée par SLON (Société pour le Lancement des Œuvres Nouvelles) qui s’intéressait entre autres choses à la manipulation de l’information par le pouvoir à travers l’État et les médias officiels.

 

 

SEPTEMBRE CHILIEN

Un film de Bruno Muel et Théo Robichet (1973 - Iskra - 40 min)

Les journées qui ont suivi le coup d’état du général Pinochet filmées par Bruno Muel et Théo Robichet, tous deux envoyés par les ouvriers du groupe Medvedkine de Sochaux. Ces images poignantes sont passées sous le nez de la junte dans la confusion de la situation et donne à ce film un caractère vraiment exceptionnel.

“J’ai appris la nouvelle du coup d’État par la radio, le matin du 12 septembre 1973, et j’ai pris la décision de partir filmer au Chili. J’ai appelé Théo Robichet, avec la certitude qu’il serait d’accord. Théo était preneur de son, j’étais preneur d’images. Nous étions à l’époque engagés dans l’aventure des groupes Medvedkine, lancée en 1967 à Besançon par Chris Marker et qui se poursuivait à Sochaux. Avec nos amis, ouvriers à la chaîne chez Peugeot, comme dans tous les groupes militants, nous parlions souvent du Chili. Ce qui se passait là-bas nous était proche….” Bruno Muel
Compagnon d’images de René Vautier, de Chris Marker et des groupes Medvedkine (expérience unique de cinéma en usine à Besançon et Sochaux de 1967 à 1974), Bruno Muel a filmé les foyers révolutionnaires algériens et en Amérique du Sud dans les années 60-70. Il nous a quitté en avril dernier.

 

LES ENFANTS DES MILLE JOURS

Un documentaire de Claudia Soto Mansilla
et Jacques-Henri Bidermann (2013 - Iskra - 1h30)

Pour tuer l’expérience inédite des « mille jours » de l’Unité populaire du gouvernement Allende, une dictature féroce menée par Pinochet a été nécessaire. Quel était le danger ? Que s’est-il passé pendant ces trois ans si occultés de l’histoire chilienne ? Certains de ceux qui ont accompagné Salvador Allende dans cette aventure racontent l’espoir et l’engouement du rêve socialiste.

 




 

 

 

 

 

KÜMEDUNGUN

Un documentaire de Clément Perrot (auto-production, 25min)

Au Chili, jamais les entreprises forestières et les grands propriétaires ne s’étaient vu ôter leurs propriétés foncières des mains à une telle cadence. « On récupère le territoire ancestral par l’action directe », m’explique simplement Santos Millao. En plongeant dans le quotidien de la communauté de Tranaman, réapparaît le canevas du procès historique des récupérations territoriales par les mapuches." 

POURQUOI CETTE HISTOIRE NOUS PARLE ENCORE ? 

Parce que tout le long de cette longue route chilienne,  nous assistons à la version poussée à l'extrême de ce que nous vivons. Le choix de la résistance ou de la résignation va déterminer notre avenir dans les prochaines échéances alors autant le faire en connaissance de cause. L'histoire du Chili est notre miroir, à la fois le laboratoire noir du néo-libéralisme mais aussi des moments d'espoirs dans une formidable résistance renouvelée sur plusieurs générations.

Le 3 novembre 1970 le peuple chilien portait au pouvoir l'Unité Populaire et le président Salvador Allende. S'ouvrait alors la voie vers un État véritablement socialiste (oubliez le lien entre ce mot valise et François Hollande pour commencer à essayer d'en comprendre le sens !). Pendant mille jours, ce gouvernement va tenter de mettre en place un programme au service des intérêts du plus grand nombre, nourrir, loger, donner accès à une éducation digne, à la santé pour tous... Équilibrer les inégalités et redonner au peuple ce qu'il a construit de ses mains et de son sang passeront par les nationalisations.  Les salaires seront augmentés de 40% à 60%, les prix bloqués (imaginez !).

Dès le départ, les réactionnaires mettent toutes leurs forces en marche pour saboter le programme (notamment les mines de cuivre, la richesse naturelle du pays) mais, autour de la personnalité Allende, on fait face avec un dévouement et une créativité extraordinaire... Un modèle de "communisme originel" rempli de promesses qui ouvraient de nouveaux champs dans le contexte sans perspectives de la guerre froide.

Ici pas de prise de pouvoir par les armes, pas de culte de la personnalité, pas de répression des opposants, Allende était le résultat d'une révolution par les urnes et comptait bien continuer ainsi à agir avec et pour le peuple. C'est ce moment que raconte le passionnant documentaire Les enfants des mille jours de Claudia Soto-Mansilla et Jacques-Henri Bidermann (production Iskra) avec la force des témoignages de celles et ceux qui ont participé à cette expérience de trois ans. Malgré les conflits d'intérêts facteurs de divisions dans le pays, les sabotages des possédants fous de rage du résultat de l'élection malgré les efforts de propagande soutenus par les États-Unis, ce modèle socialiste était en train de démontrer par les faits qu'une politique égalitaire et fraternelle pouvait voir le jour. 

Pour les dirigeants États-Uniens (en tête Richard Nixon, Nelson Rockeffeler, la CIA...), il ne fallait surtout pas laisser se développer un tel modèle qui risquait de donner des idées créatives. « Notre principale préoccupation concernant le Chili, c'est le fait qu'Allende puisse consolider son pouvoir, et que le monde ait alors l'impression qu'il est en train de réussir. Nous ne devons pas laisser l'Amérique latine penser qu'elle peut prendre ce chemin sans en subir les conséquences » déclare alors le président Richard Nixon devant le Conseil national de sécurité.  Pour ces "champions de la démocratie", le chaos est préférable à toute alternative au capitalisme, prolongeant la "doctrine Rockeffeler" posée lors du massacre des mineurs grévistes de Ludlow en 1914 : "Il ne faut pas leur laisser penser que la lutte, ça peut payer."  (voir Howard Zinn, une histoire populaire américaine). Alors, ils soutiendront fermement le coup d'état de l'extrême-droite chilienne, à mi-mandat, le 11 septembre 1973.

La Moneda bombardée par l'aviation, le président Salvador Allende est retrouvé mort par balles, des milliers de chiliens seront arrêtés, torturés, assassinés, disparus... Le cauchemar commence et la caméra de Bruno Muel se trouve à Santiago pour filmer ce moment fort sous l'impulsion des ouvriers de Peugeot du groupe Medvedkine de Sochaux qui comprennent instantanément ce qui se joue au Chili cette année-là.  La solidarité de classe s'exprime dans le fait de montrer ce film en France, les camarades ont pris au mot les paroles de la chanson : "l'internationale sera le genre humain". Bruno Muel et Théo Robichet tournent dans la confusion du coup d'état et arrivent à sortir clandestinement les images sous le nez des militaires. Les images seront vues à Sochaux et ailleurs. 

L'histoire du Chili est dramatique mais aussi pleine d'enseignements. À partir de la mort d'Allende et de la prise du pouvoir par Pinochet, non seulement le Chili ne sera plus un phare du socialisme mais la triste alliance des capitalistes et des fascistes, accentuant les inégalités et les injustices, instaurant un régime de terreur qui a détruit ses opposants dans une violence inouïe, se livrant ainsi à l'expérience d'un laboratoire du capitalisme, avec ses "Chicagos boys" formés à l'école Milton Friedman (un des personnage les plus influents et nocifs du XXe siècle), Friederich Hayek... Si nous observions le monde raisonnablement, cette expérience aurait du tuer le modèle capitaliste tellement elle est la démonstration de ce qu'il porte en lui comme désastres.

L'expérience de l'Unité populaire au Chili est unique, par son caractère très démocratique. Ici pas de révolution armée, pas de guerilla, c'est une révolution par les urnes qui accède au pouvoir en convaincant et déjouant la propagande du camp adverse, sans renier le moindre de ses principes. Septembre chilien et Les enfants de mille jours posent le débat qui traverse l'histoire des luttes anti-capitaliste et la possibilité d'une alternative politique, la question du rapport de force inégal de véritables démocrates pacifistes face à une réaction conservatrice ultra violente capable de tous les coups pour détruire ses opposants.

Les années Reagan-Thatcher ont prolongé cette politique néo-libérale extrémiste qui s'est répandue jusqu'à chez nous avec une violence moins directement visible. Mais cette histoire chilienne reste dans les mémoires des militants progressistes, notamment à travers les réfugiés qui ont transmis leur expérience à des générations de militants, à l'énorme réseau de solidarité international durant les années 70 avec notamment Les comités Chili (plus de 500 000 personnes), mais aussi grâce à quelques films.

L'histoire du peuple chilien fait partie désormais de notre histoire populaire collective qui a ressurgit récement avec la révolte de la jeunesse chilienne* et les difficultés à aboutir à une nouvelle constitution dans un pays fractionné par des décennies d'une politique d'extrême droite "néo-libérale"... Une histoire qu'on doit donc continuer à étudier et à transmettre avec une très grande attention car, comme vous le savez, à ignorer l'histoire.... 

Olivier Azam, Les Mutins de Pangée / CinéMutins

 

Écouter le podcast des Mutins : CHILI, L'ESPOIR D'UN PEUPLE

Presque un demi-siècle après l’assassinat du président Allende et le coup d’état de Pinochet, Gabriel Boric a emporte l’élection présidentielle face à l'extrême-droite. De retour du Chili, le réalisateur Ronnie Ramirez raconte cette histoire stimulante,  pleine d'enseignements pour nous.

Septembre chilien
fait partie intégrante du coffret Livre-DVD
Les Groupes Medvedkine (1967-1974)

Co-édition Iskra / Les Mutins de Pangée


  • On vous parle du Chili (Chris Marker) : Ce que disait Allende

    On vous parle du Chili (Chris Marker) : Ce qu...

    15 mn

    Langue : Multilingue
  • Septembre chilien

    Septembre chilien

    40 mn

    Langue : Multilingue
  • Les enfants des mille jours

    Les enfants des mille jours

    1h30

    Langue : Multilingue
  • Kümedungun

    Kümedungun

    25 mn

    Langue : Multilingue

À l'occasion de la première séance d'Au Poste Ciné-Mutins club, nous vous proposons en VOD le programme de cette soirée consacrée à l'expérience de l'Union Populaire chilienne sous le mandat de Salvador Allende jusqu'au coup d'Etat (11 septembre 1973)

Le premier Au Poste Ciné-Mutins club s'est tenu le 7 septembre à Césure (l'ancien campus de la Fac de Censier à Paris 5e). Les projections ont été suivies d'un live sur auposte.fr avec la réalisatrice du film "Les enfants des mille jours" Claudia Soto Mansilla, l'historienne Eugénia Paliéraki, auteure de "Naissance d'une révolution - Histoire critique du MIR chilien" (Éditions Terres de feu, 2023) et Clément Perrot, réalisateur. La soirée était animée par David Dufresne (Au poste) et Olivier Azam (Cinémutins)

 

ON VOUS PARLE DU CHILI : Ce que disait Allende

Interview de Salvador Allende par Régis Debray
Un film de Chris Marker (1973 - Iskra - 15 min)

« Je crois que la bourgeoisie part d’une erreur, qui fait de l’homme le facteur essentiel dans un processus social. Nous, nous savons que c’est le peuple, que ce sont les masses. Ce qui n’empêche pas qu’un homme peut avoir une influence déterminée à un moment donné. (…) Pour le Chili, bon, s’ils m’assassinent, le peuple suivra sa route. Avec la différence que les choses seront plus dures, plus violentes. Parce que pour le peuple ce sera une leçon très claire, très objective : que ces gens-là ne reculent devant rien… » Salvador Allende

"On vous parle de" est une série de documentaires de contre-information créée par SLON (Société pour le Lancement des Œuvres Nouvelles) qui s’intéressait entre autres choses à la manipulation de l’information par le pouvoir à travers l’État et les médias officiels.

 

 

SEPTEMBRE CHILIEN

Un film de Bruno Muel et Théo Robichet (1973 - Iskra - 40 min)

Les journées qui ont suivi le coup d’état du général Pinochet filmées par Bruno Muel et Théo Robichet, tous deux envoyés par les ouvriers du groupe Medvedkine de Sochaux. Ces images poignantes sont passées sous le nez de la junte dans la confusion de la situation et donne à ce film un caractère vraiment exceptionnel.

“J’ai appris la nouvelle du coup d’État par la radio, le matin du 12 septembre 1973, et j’ai pris la décision de partir filmer au Chili. J’ai appelé Théo Robichet, avec la certitude qu’il serait d’accord. Théo était preneur de son, j’étais preneur d’images. Nous étions à l’époque engagés dans l’aventure des groupes Medvedkine, lancée en 1967 à Besançon par Chris Marker et qui se poursuivait à Sochaux. Avec nos amis, ouvriers à la chaîne chez Peugeot, comme dans tous les groupes militants, nous parlions souvent du Chili. Ce qui se passait là-bas nous était proche….” Bruno Muel
Compagnon d’images de René Vautier, de Chris Marker et des groupes Medvedkine (expérience unique de cinéma en usine à Besançon et Sochaux de 1967 à 1974), Bruno Muel a filmé les foyers révolutionnaires algériens et en Amérique du Sud dans les années 60-70. Il nous a quitté en avril dernier.

 

LES ENFANTS DES MILLE JOURS

Un documentaire de Claudia Soto Mansilla
et Jacques-Henri Bidermann (2013 - Iskra - 1h30)

Pour tuer l’expérience inédite des « mille jours » de l’Unité populaire du gouvernement Allende, une dictature féroce menée par Pinochet a été nécessaire. Quel était le danger ? Que s’est-il passé pendant ces trois ans si occultés de l’histoire chilienne ? Certains de ceux qui ont accompagné Salvador Allende dans cette aventure racontent l’espoir et l’engouement du rêve socialiste.

 




 

 

 

 

 

KÜMEDUNGUN

Un documentaire de Clément Perrot (auto-production, 25min)

Au Chili, jamais les entreprises forestières et les grands propriétaires ne s’étaient vu ôter leurs propriétés foncières des mains à une telle cadence. « On récupère le territoire ancestral par l’action directe », m’explique simplement Santos Millao. En plongeant dans le quotidien de la communauté de Tranaman, réapparaît le canevas du procès historique des récupérations territoriales par les mapuches." 

POURQUOI CETTE HISTOIRE NOUS PARLE ENCORE ? 

Parce que tout le long de cette longue route chilienne,  nous assistons à la version poussée à l'extrême de ce que nous vivons. Le choix de la résistance ou de la résignation va déterminer notre avenir dans les prochaines échéances alors autant le faire en connaissance de cause. L'histoire du Chili est notre miroir, à la fois le laboratoire noir du néo-libéralisme mais aussi des moments d'espoirs dans une formidable résistance renouvelée sur plusieurs générations.

Le 3 novembre 1970 le peuple chilien portait au pouvoir l'Unité Populaire et le président Salvador Allende. S'ouvrait alors la voie vers un État véritablement socialiste (oubliez le lien entre ce mot valise et François Hollande pour commencer à essayer d'en comprendre le sens !). Pendant mille jours, ce gouvernement va tenter de mettre en place un programme au service des intérêts du plus grand nombre, nourrir, loger, donner accès à une éducation digne, à la santé pour tous... Équilibrer les inégalités et redonner au peuple ce qu'il a construit de ses mains et de son sang passeront par les nationalisations.  Les salaires seront augmentés de 40% à 60%, les prix bloqués (imaginez !).

Dès le départ, les réactionnaires mettent toutes leurs forces en marche pour saboter le programme (notamment les mines de cuivre, la richesse naturelle du pays) mais, autour de la personnalité Allende, on fait face avec un dévouement et une créativité extraordinaire... Un modèle de "communisme originel" rempli de promesses qui ouvraient de nouveaux champs dans le contexte sans perspectives de la guerre froide.

Ici pas de prise de pouvoir par les armes, pas de culte de la personnalité, pas de répression des opposants, Allende était le résultat d'une révolution par les urnes et comptait bien continuer ainsi à agir avec et pour le peuple. C'est ce moment que raconte le passionnant documentaire Les enfants des mille jours de Claudia Soto-Mansilla et Jacques-Henri Bidermann (production Iskra) avec la force des témoignages de celles et ceux qui ont participé à cette expérience de trois ans. Malgré les conflits d'intérêts facteurs de divisions dans le pays, les sabotages des possédants fous de rage du résultat de l'élection malgré les efforts de propagande soutenus par les États-Unis, ce modèle socialiste était en train de démontrer par les faits qu'une politique égalitaire et fraternelle pouvait voir le jour. 

Pour les dirigeants États-Uniens (en tête Richard Nixon, Nelson Rockeffeler, la CIA...), il ne fallait surtout pas laisser se développer un tel modèle qui risquait de donner des idées créatives. « Notre principale préoccupation concernant le Chili, c'est le fait qu'Allende puisse consolider son pouvoir, et que le monde ait alors l'impression qu'il est en train de réussir. Nous ne devons pas laisser l'Amérique latine penser qu'elle peut prendre ce chemin sans en subir les conséquences » déclare alors le président Richard Nixon devant le Conseil national de sécurité.  Pour ces "champions de la démocratie", le chaos est préférable à toute alternative au capitalisme, prolongeant la "doctrine Rockeffeler" posée lors du massacre des mineurs grévistes de Ludlow en 1914 : "Il ne faut pas leur laisser penser que la lutte, ça peut payer."  (voir Howard Zinn, une histoire populaire américaine). Alors, ils soutiendront fermement le coup d'état de l'extrême-droite chilienne, à mi-mandat, le 11 septembre 1973.

La Moneda bombardée par l'aviation, le président Salvador Allende est retrouvé mort par balles, des milliers de chiliens seront arrêtés, torturés, assassinés, disparus... Le cauchemar commence et la caméra de Bruno Muel se trouve à Santiago pour filmer ce moment fort sous l'impulsion des ouvriers de Peugeot du groupe Medvedkine de Sochaux qui comprennent instantanément ce qui se joue au Chili cette année-là.  La solidarité de classe s'exprime dans le fait de montrer ce film en France, les camarades ont pris au mot les paroles de la chanson : "l'internationale sera le genre humain". Bruno Muel et Théo Robichet tournent dans la confusion du coup d'état et arrivent à sortir clandestinement les images sous le nez des militaires. Les images seront vues à Sochaux et ailleurs. 

L'histoire du Chili est dramatique mais aussi pleine d'enseignements. À partir de la mort d'Allende et de la prise du pouvoir par Pinochet, non seulement le Chili ne sera plus un phare du socialisme mais la triste alliance des capitalistes et des fascistes, accentuant les inégalités et les injustices, instaurant un régime de terreur qui a détruit ses opposants dans une violence inouïe, se livrant ainsi à l'expérience d'un laboratoire du capitalisme, avec ses "Chicagos boys" formés à l'école Milton Friedman (un des personnage les plus influents et nocifs du XXe siècle), Friederich Hayek... Si nous observions le monde raisonnablement, cette expérience aurait du tuer le modèle capitaliste tellement elle est la démonstration de ce qu'il porte en lui comme désastres.

L'expérience de l'Unité populaire au Chili est unique, par son caractère très démocratique. Ici pas de révolution armée, pas de guerilla, c'est une révolution par les urnes qui accède au pouvoir en convaincant et déjouant la propagande du camp adverse, sans renier le moindre de ses principes. Septembre chilien et Les enfants de mille jours posent le débat qui traverse l'histoire des luttes anti-capitaliste et la possibilité d'une alternative politique, la question du rapport de force inégal de véritables démocrates pacifistes face à une réaction conservatrice ultra violente capable de tous les coups pour détruire ses opposants.

Les années Reagan-Thatcher ont prolongé cette politique néo-libérale extrémiste qui s'est répandue jusqu'à chez nous avec une violence moins directement visible. Mais cette histoire chilienne reste dans les mémoires des militants progressistes, notamment à travers les réfugiés qui ont transmis leur expérience à des générations de militants, à l'énorme réseau de solidarité international durant les années 70 avec notamment Les comités Chili (plus de 500 000 personnes), mais aussi grâce à quelques films.

L'histoire du peuple chilien fait partie désormais de notre histoire populaire collective qui a ressurgit récement avec la révolte de la jeunesse chilienne* et les difficultés à aboutir à une nouvelle constitution dans un pays fractionné par des décennies d'une politique d'extrême droite "néo-libérale"... Une histoire qu'on doit donc continuer à étudier et à transmettre avec une très grande attention car, comme vous le savez, à ignorer l'histoire.... 

Olivier Azam, Les Mutins de Pangée / CinéMutins

 

Écouter le podcast des Mutins : CHILI, L'ESPOIR D'UN PEUPLE

Presque un demi-siècle après l’assassinat du président Allende et le coup d’état de Pinochet, Gabriel Boric a emporte l’élection présidentielle face à l'extrême-droite. De retour du Chili, le réalisateur Ronnie Ramirez raconte cette histoire stimulante,  pleine d'enseignements pour nous.

Septembre chilien
fait partie intégrante du coffret Livre-DVD
Les Groupes Medvedkine (1967-1974)

Co-édition Iskra / Les Mutins de Pangée


  • On vous parle du Chili (Chris Marker) : Ce que disait Allende

    On vous parle du Chili (Chris Marker) : Ce qu...


    Durée : 15 minutes
    Langue : Multilingue
    15 mn
  • Septembre chilien

    Septembre chilien


    Durée : 40 minutes
    Langue : Multilingue
    40 mn
  • Les enfants des mille jours

    Les enfants des mille jours


    Durée : 1h30
    Langue : Multilingue
    1h30
  • Kümedungun

    Kümedungun


    Durée : 25 minutes
    Langue : Multilingue
    25 mn

    Offrir "Au Poste Ciné-Mutins Club : Chili, 50 ans après l’autre 11 septembre " à un ami

    Paiement 100% sécurisé
    Visionnage en streaming
    Téléchargement des vidéos
    Formules d'abonnement
    Compatible tout support

    Produit ajouté au panier

    Mode :

    Expire le :

    loader waiting image
    loader waiting image