Réalisateur | Jocelyne Saab |
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Jocelyne Saab est née à Beyrouth en 1948, année de la Nakba, dans un quartier très mixe de Beyrouth-Ouest, où se côtoient musulmans libanais, kurdes, chrétiens. En 1968, elle entre à l’université et découvre la réalité des camps de réfugiés palestiniens. Elle fait des études d’économie en dépit de son désir de cinéma, et se lance dans le journalisme. Grâce à France 3, elle devient reporter de guerre, envoyée dans la Libye de Kadhafi, l’Irak de Saddam Hussein, mais surtout dans le Sinai et le Golan syrien en 1973, lors de la Guerre d’Octobre qui ébranla Israël et permit à l’Égypte de récupérer une partie des territoires occupés par l’armée israélienne depuis 1967. En 1974, elle réalise Les Femmes palestiniennes sur la lutte des femmes palestiniennes au Liban : très classique dans sa forme – Saab a finalement appris à faire des images dans les canons de la télévision française – le film est pourtant jugé trop militant et est censuré. À parti de là, elle décide de travailler à son compte. Les groupes armés palestiniens lui font confiance: elle est la première journaliste à documenter un camp d’entraînement palestinien, le premier à pratiquer les commandos-suicides. Le Front du refus (1975) est l’un des scoops qui propulse sa carrière. En dépit du ton critique qu’elle emploie – incapable de comprendre comment cette violence destructrice pouvait réparer la douleur de la colonisation – les Palestiniens continuent de lui faire confiance, grâce notamment au travail qu’elle réalise après le massacre de la Quarantaine en 1976. La Quarantaine est un quartier situé au nord est de Beyrouth, à l’époque bidonville peuplé en majorité par des Kurdes, des musulmans libanais et des Palestiniens dans une région à majorité chrétienne. Le massacre perpétré par les milices chrétiennes d’extrême droite est considéré comme le premier de la guerre civile. Jocelyne Saab ne le documente pas directement : avec Les Enfants de la guerre (1976), elle fait un retour sur le massacre en interrogeant les enfants survivants, pour la plupart palestiniens. Elle continue de couvrir le conflit jusqu’à l’invasion israélienne du Liban en 1982 et le siège de Beyrouth-Ouest, qui avait pour objectif d’éliminer les leaders de l’OLP. Restée à Beyrouth pendant le siège, Jocelyne Saab réalise Beyrouth, ma ville (1982), une ode politique à la vie qui documente l’occupation israélienne de Beyrouth jusqu’au désespoir du départ des Palestiniens, qui solda leur présence. C’est à elle qu’Arafat demande de documenter son départ du Liban sur l’Atlantis, le bateau qui le mènera en Grèce : Le Bateau de l’exil (1982) est le film-gardien de ces images, et fut le dernier documentaire réalisé à Beyrouth par la cinéaste. Le départ des Palestiniens du Liban a marqué pour elle la fin d’un monde, au prix, pour tous trop coûteux, de l’utopie.
Mathilde Rouxel, chercheuse et directrice de l’Association Jocelyne Saab
Présentés en version restaurée, ces films font partie du coffret « Jocelyne Saab, cinéaste (période 1974-1982) » édité par les Mutins de Pangée.
Jocelyne Saab donne la parole aux femmes palestiniennes, victimes souvent oubliées du conflit israélo-palestinien.
Documentaire, 1974, couleur, France, 16 mm, 10 min.
Quand la paix s’avère impossible, tous les moyens sont bons pour défendre une cause politique. De là naît, à la frontière qui sépare les territoires palestiniens et ce qu’ils refusent de reconnaître comme Israël, l’idée des commandos-suicides. Jocelyne Saab filme des adolescents, de seize à vingt-deux ans, qui s’entraînent sans relâche, dans une base secrète souterraine, à devenir des commandos-suicides.
Documentaire, 1975, couleur, France, 16 mm, 10 min.
Quelques jours après le massacre de la Quarantaine, dans un bidonville à majorité musulmane de Beyrouth, Jocelyne Saab suit et rencontre les enfants rescapés, marqués par les visions horribles des combats qui se sont déroulés sous leurs yeux. En leur offrant des crayons pour dessiner et en les engageant à jouer sous l’œil de sa caméra, la réalisatrice se retrouve face à un constat amer : ils ne connaissent plus d’autre jeu que celui de la guerre, qui, rapidement, devient pour eux aussi un métier.
Documentaire, 1976, couleur, France, 16/35 mm, 12 min.
En juillet 1982, l’armée israélienne assiège Beyrouth. Quatre jours plus tôt, Jocelyne Saab voit sa maison brûler et 150 ans partir en fumée. Elle se pose alors la question : quand tout cela a-t-il commencé ? Chaque lieu deviendra alors une histoire et chaque nom une mémoire.
Documentaire, 1982, couleur, Liban, 16 mm, 37 min.
Après avoir vécu dans la clandestinité à Beyrouth pour échapper aux Israéliens, le chef de l’OLP Yasser Arafat a quitté le Liban pour un nouvel exil en Grèce puis en Tunisie bord du paquebot « Atlantis ». Il parle de son destin et de l’avenir de l’OLP.
Documentaire, 1982, couleur, Liban, 16 mm, 12 min.
Jocelyne Saab est née à Beyrouth en 1948, année de la Nakba, dans un quartier très mixe de Beyrouth-Ouest, où se côtoient musulmans libanais, kurdes, chrétiens. En 1968, elle entre à l’université et découvre la réalité des camps de réfugiés palestiniens. Elle fait des études d’économie en dépit de son désir de cinéma, et se lance dans le journalisme. Grâce à France 3, elle devient reporter de guerre, envoyée dans la Libye de Kadhafi, l’Irak de Saddam Hussein, mais surtout dans le Sinai et le Golan syrien en 1973, lors de la Guerre d’Octobre qui ébranla Israël et permit à l’Égypte de récupérer une partie des territoires occupés par l’armée israélienne depuis 1967. En 1974, elle réalise Les Femmes palestiniennes sur la lutte des femmes palestiniennes au Liban : très classique dans sa forme – Saab a finalement appris à faire des images dans les canons de la télévision française – le film est pourtant jugé trop militant et est censuré. À parti de là, elle décide de travailler à son compte. Les groupes armés palestiniens lui font confiance: elle est la première journaliste à documenter un camp d’entraînement palestinien, le premier à pratiquer les commandos-suicides. Le Front du refus (1975) est l’un des scoops qui propulse sa carrière. En dépit du ton critique qu’elle emploie – incapable de comprendre comment cette violence destructrice pouvait réparer la douleur de la colonisation – les Palestiniens continuent de lui faire confiance, grâce notamment au travail qu’elle réalise après le massacre de la Quarantaine en 1976. La Quarantaine est un quartier situé au nord est de Beyrouth, à l’époque bidonville peuplé en majorité par des Kurdes, des musulmans libanais et des Palestiniens dans une région à majorité chrétienne. Le massacre perpétré par les milices chrétiennes d’extrême droite est considéré comme le premier de la guerre civile. Jocelyne Saab ne le documente pas directement : avec Les Enfants de la guerre (1976), elle fait un retour sur le massacre en interrogeant les enfants survivants, pour la plupart palestiniens. Elle continue de couvrir le conflit jusqu’à l’invasion israélienne du Liban en 1982 et le siège de Beyrouth-Ouest, qui avait pour objectif d’éliminer les leaders de l’OLP. Restée à Beyrouth pendant le siège, Jocelyne Saab réalise Beyrouth, ma ville (1982), une ode politique à la vie qui documente l’occupation israélienne de Beyrouth jusqu’au désespoir du départ des Palestiniens, qui solda leur présence. C’est à elle qu’Arafat demande de documenter son départ du Liban sur l’Atlantis, le bateau qui le mènera en Grèce : Le Bateau de l’exil (1982) est le film-gardien de ces images, et fut le dernier documentaire réalisé à Beyrouth par la cinéaste. Le départ des Palestiniens du Liban a marqué pour elle la fin d’un monde, au prix, pour tous trop coûteux, de l’utopie.
Mathilde Rouxel, chercheuse et directrice de l’Association Jocelyne Saab
Présentés en version restaurée, ces films font partie du coffret « Jocelyne Saab, cinéaste (période 1974-1982) » édité par les Mutins de Pangée.
Jocelyne Saab donne la parole aux femmes palestiniennes, victimes souvent oubliées du conflit israélo-palestinien.
Documentaire, 1974, couleur, France, 16 mm, 10 min.
Quand la paix s’avère impossible, tous les moyens sont bons pour défendre une cause politique. De là naît, à la frontière qui sépare les territoires palestiniens et ce qu’ils refusent de reconnaître comme Israël, l’idée des commandos-suicides. Jocelyne Saab filme des adolescents, de seize à vingt-deux ans, qui s’entraînent sans relâche, dans une base secrète souterraine, à devenir des commandos-suicides.
Documentaire, 1975, couleur, France, 16 mm, 10 min.
Quelques jours après le massacre de la Quarantaine, dans un bidonville à majorité musulmane de Beyrouth, Jocelyne Saab suit et rencontre les enfants rescapés, marqués par les visions horribles des combats qui se sont déroulés sous leurs yeux. En leur offrant des crayons pour dessiner et en les engageant à jouer sous l’œil de sa caméra, la réalisatrice se retrouve face à un constat amer : ils ne connaissent plus d’autre jeu que celui de la guerre, qui, rapidement, devient pour eux aussi un métier.
Documentaire, 1976, couleur, France, 16/35 mm, 12 min.
En juillet 1982, l’armée israélienne assiège Beyrouth. Quatre jours plus tôt, Jocelyne Saab voit sa maison brûler et 150 ans partir en fumée. Elle se pose alors la question : quand tout cela a-t-il commencé ? Chaque lieu deviendra alors une histoire et chaque nom une mémoire.
Documentaire, 1982, couleur, Liban, 16 mm, 37 min.
Après avoir vécu dans la clandestinité à Beyrouth pour échapper aux Israéliens, le chef de l’OLP Yasser Arafat a quitté le Liban pour un nouvel exil en Grèce puis en Tunisie bord du paquebot « Atlantis ». Il parle de son destin et de l’avenir de l’OLP.
Documentaire, 1982, couleur, Liban, 16 mm, 12 min.
Les femmes palestiniennes
Le Front du Refus
Les enfants de la guerre
Beyrouth, ma ville
Bateau de l'exil