Réalisateur | Jean-Louis Cros |
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1968 : dans la pension où il coule des jours paisibles, un vieil abbé artiste peintre et jeune d’esprit malgré son âge, reçoit une lettre qui aurait dû lui parvenir 30 ans plus tôt. Ses souvenirs se réveillent alors... Curé débutant à Paris dans les années 1920 et frappé par l’ignorance d’une jeune fille en matière de sexualité, il a tenté de lui éviter l’enfer conjugal dans lequel beaucoup de ses semblables étaient plongées. Mais ses velléités éducatives se sont vite réduites à ressasser un dogme indépassable pour son église : «Le liquide fructifiant ne doit pas être détourné du vase féminin, tout le reste est fraude.» 30 ans plus tard, la culpabilité, l’asservissement et finalement l’issue fatale auxquels il a condamné sa jeune paroissienne, lui reviennent en pleine face.
Au départ il y a l’abbé Jean Viollet (1875-1956). Un square parisien porte son nom en mémoire de son engagement dans la Résistance et de son action de Juste parmi les Nations. Mais c’est une autre période de sa vie qui a servi de point de départ au film : celle où, jeune curé à la fin des années 1920, il a tenté, au travers de nombreuses revues et publications, de concilier foi chrétienne et éducation sexuelle, notamment en direction des jeunes femmes.
Quelle boîte de Pandore n’a-t-il pas ouvert alors !
Des centaines de lettres de lecteurs et lectrices, tantôt naïves, tantôt révoltées, tantôt désespérées, tantôt accusatrices ont déferlé sur son bureau de spécialiste de la « chose »... Ces lettres ont été rassemblées et étudiées en 1996 par une historienne, Martine Sévegrand, et sous son regard surgit une véritable mine d’or pour ausculter les mœurs et les tourments d’une population du début du vingtième siècle que le dogme épiscopal étranglait de plus en plus tragiquement.
Mais le film n’est ni une biographie, ni une étude. Il se saisit seulement des plus poignantes de ces lettres pour imaginer un récit en forme d’archéologie de l’inégalité des sexes, pour raconter l’examen de conscience d’un homme autrefois colporteur de ce postulat nataliste qui fait qu’encore aujourd’hui, dans d’innombrables domaines, l’ordre établi veut que la femme soit la seconde de l’homme.
Les lettres à l’abbé Viollet sont la base de ce film, elles m’ont bouleversé par leur innocence, leur détresse, mais leur dignité et leur clairvoyance aussi, et c’est elles qui m’ont donné l’énergie d’aller jusqu’au bout. Presque comme si je m’étais senti investi de la mission, non de les tirer de l’oubli puisque l’ouvrage de M Sévegrand où je les ai découvertes pour la première fois, s’en est chargé, mais de les porter devant un public nouveau et plus large. D’autant plus qu’en les lisant j’y voyais comme une sorte de télescope historique, de ligne de départ pour une longue marche qui, après les suffragettes, après S de Beauvoir, après la pilule, après la légalisation de l’IVG n’est toujours pas finie aujourd’hui et se poursuit avec #Me Too. Rappeler l’origine de tout ça : comment l’inégalité entre les sexes s’est construite, pour ré- pondre à quels objectifs et grâce à quelle collusion entre pouvoir spirituel et attente sociale, tel est le but.
Les dialogues sont authentiques. J’ai recopié les phrases telles qu’elles figurent dans les lettres reçues par l’abbé ou les réponses qu’il a apportées. Je les ai juste raccourcies parfois, ou j’ai réuni deux lettres en une seule ; mais je n’ai jamais cherché à les corser, les caricaturer pour les rendre plus spectaculaires. Ce qui donne une idée de la violence des situations traversées par ces hommes et ces femmes à qui l’éducation reçue avait pourtant dû apprendre plutôt la retenue et la discrétion.
1968 : dans la pension où il coule des jours paisibles, un vieil abbé artiste peintre et jeune d’esprit malgré son âge, reçoit une lettre qui aurait dû lui parvenir 30 ans plus tôt. Ses souvenirs se réveillent alors... Curé débutant à Paris dans les années 1920 et frappé par l’ignorance d’une jeune fille en matière de sexualité, il a tenté de lui éviter l’enfer conjugal dans lequel beaucoup de ses semblables étaient plongées. Mais ses velléités éducatives se sont vite réduites à ressasser un dogme indépassable pour son église : «Le liquide fructifiant ne doit pas être détourné du vase féminin, tout le reste est fraude.» 30 ans plus tard, la culpabilité, l’asservissement et finalement l’issue fatale auxquels il a condamné sa jeune paroissienne, lui reviennent en pleine face.
Au départ il y a l’abbé Jean Viollet (1875-1956). Un square parisien porte son nom en mémoire de son engagement dans la Résistance et de son action de Juste parmi les Nations. Mais c’est une autre période de sa vie qui a servi de point de départ au film : celle où, jeune curé à la fin des années 1920, il a tenté, au travers de nombreuses revues et publications, de concilier foi chrétienne et éducation sexuelle, notamment en direction des jeunes femmes.
Quelle boîte de Pandore n’a-t-il pas ouvert alors !
Des centaines de lettres de lecteurs et lectrices, tantôt naïves, tantôt révoltées, tantôt désespérées, tantôt accusatrices ont déferlé sur son bureau de spécialiste de la « chose »... Ces lettres ont été rassemblées et étudiées en 1996 par une historienne, Martine Sévegrand, et sous son regard surgit une véritable mine d’or pour ausculter les mœurs et les tourments d’une population du début du vingtième siècle que le dogme épiscopal étranglait de plus en plus tragiquement.
Mais le film n’est ni une biographie, ni une étude. Il se saisit seulement des plus poignantes de ces lettres pour imaginer un récit en forme d’archéologie de l’inégalité des sexes, pour raconter l’examen de conscience d’un homme autrefois colporteur de ce postulat nataliste qui fait qu’encore aujourd’hui, dans d’innombrables domaines, l’ordre établi veut que la femme soit la seconde de l’homme.
Les lettres à l’abbé Viollet sont la base de ce film, elles m’ont bouleversé par leur innocence, leur détresse, mais leur dignité et leur clairvoyance aussi, et c’est elles qui m’ont donné l’énergie d’aller jusqu’au bout. Presque comme si je m’étais senti investi de la mission, non de les tirer de l’oubli puisque l’ouvrage de M Sévegrand où je les ai découvertes pour la première fois, s’en est chargé, mais de les porter devant un public nouveau et plus large. D’autant plus qu’en les lisant j’y voyais comme une sorte de télescope historique, de ligne de départ pour une longue marche qui, après les suffragettes, après S de Beauvoir, après la pilule, après la légalisation de l’IVG n’est toujours pas finie aujourd’hui et se poursuit avec #Me Too. Rappeler l’origine de tout ça : comment l’inégalité entre les sexes s’est construite, pour ré- pondre à quels objectifs et grâce à quelle collusion entre pouvoir spirituel et attente sociale, tel est le but.
Les dialogues sont authentiques. J’ai recopié les phrases telles qu’elles figurent dans les lettres reçues par l’abbé ou les réponses qu’il a apportées. Je les ai juste raccourcies parfois, ou j’ai réuni deux lettres en une seule ; mais je n’ai jamais cherché à les corser, les caricaturer pour les rendre plus spectaculaires. Ce qui donne une idée de la violence des situations traversées par ces hommes et ces femmes à qui l’éducation reçue avait pourtant dû apprendre plutôt la retenue et la discrétion.
La fraude