En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.
Un film de Cédric Kahn
Avec : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié
Film d'ouverture - Quinzaine des réalisateurs 2023
LE FILM VU PAR LES MUTNS
Ce film de Cédric Kahn est l'un des films que nous retenons des sorties cinéma en 2023. C'est d'abord un excellent film de genre (le genre "film de procès") qui raisonne par quelques aspects avec Anatomie d'une chute, qui remet aussi au centre de la narration cinématographique l'enquête de Justice. Mais c'est aussi une affaire qui a marqué la France (et la "gauche de gauche") des années 70, Pierre Goldman étant une figure emblématique, talentueux orateur et écrivain d'un livre qui est resté dans les mémoires : Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France... Un personnage attachant et agaçant, impeccablement joué par Arieh Worthalter. Arthur Harari, qui interprète l'avocat Georges Kiejman est aussi remarquable....
Revue de presse
L'Obs : Interprété avec brio par Arieh Worthalter dans le rôle complexe de Goldman, et Arthur Harari, hallucinant de justesse en Kiejman, écho à notre époque – racisme, antisémitisme, police taxée de xénophobie –, « le Procès Goldman » est un film brillant et politique sur le verbe, mais surtout sur la dialectique.
Les Inrockuptibles : C’est là la grande force du film de procès, dont Kahn exploite la sève à merveille : sonder la profondeur et les contradictions des individus pour mieux les faire dialoguer avec la piteuse santé des institutions, de 1976 ou d’aujourd’hui.
Les Cahiers du cinéma : La réussite du Procès Goldman tient à son caractère déceptif : empruntée à un texte habité mais « sans contradicteur » [...], la parole de Goldman y reflète un idéal du moi, jamais masqué comme tel mais discrètement contrecarré par le soin apporté par Kahn aux personnages prétendument secondaires (les magistrats) et l’écoute véritable réservée aux témoins, jamais ridiculisés.
Télérama : Ne pas prendre parti, rendre sa dignité à chacun, voilà ce qui fait toute la force bouleversante de ce film qui n’accable ni ne défend le voyou révolutionnaire, personnage comme frappé par la malédiction d’être né trop tôt ou trop tard, de s’être trompé d’époque.
Cédric Kahn
Cédric Kahn débute comme stagiaire-monteur pour le film Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat puis réalise son premier court métrage Les Dernières Heures du millénaire en 1990. Deux ans plus tard, il présente en avant-première au Festi-val Premiers Plans son premier long métrage Bar des rails qui sera ensuite sélectionné à la Semaine de la Critique de Venise, puis reçoit le prix Jean Vigo avec son film suivant Trop de bonheur et le Prix Louis-Delluc avec L’Ennui en 1998. Il est en compétition au Festival de Cannes en 2001 avec Roberto Succo puis réalise Feux rouges avec Carole Bouquet et Jean-Pierre Darroussin qui est présenté en compétition officielle à la Berlinale, L’Avion avec Vincent Lindon et Isabelle Carré, Les Regrets avec Valeria Bruni-Tedeschi et Yvan Attal et Une vie meilleure avec Guillaume Canet et Leïla Bekhti. Après une première expérience d’acteur dans N’oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois, on le retrouve vingt ans plus tard dans Alyah et Les Anarchistes d’Elie Wajeman, Tirez la langue, Mademoiselle d’Axelle Ropert, Un homme à la hauteur de Laurent Tirard et L’Économie du couple de Joachim Lafosse.
En 2014, il obtient le Prix spécial du Jury au Festival de San Sebastiàn pour son film Vie sauvage avec Mathieu Kassovitz et en 2018, son acteur principal remporte l’Ours d’argent du meilleur comédien au Festival de Berlin pour son film La Prière. On a pu le voir aussi dans Cold War de Pawel Pawlikowski, dans Marche ou crève de Margaux Bonhomme et dans la série Dix pour cent dans lequel il joue son propre rôle aux côtés d’Isabelle Huppert.
Son onzième long métrage, Fête de Famille avec Catherine Deneuve et Emmanuelle Bercot est sorti en 2019. Récemment, il a réalisé Making-of avec Jonathan Cohen, Denis Podalydès et Stefan Crepon et Le procès Goldman avec Arieh Worthalter et Arthur Harari.
Libération : "Aux obsèques du militant révolutionnaire Pierre Goldman, l’enterrement d’une époque"
"Le 27 septembre 1979, l’extrême gauche enterre l’un de ses héros : Pierre Goldman, demi-frère de Jean-Jacques, écrivain et braqueur, assassiné à Paris. En même temps qu’elle lui dit adieu, une partie de la foule se sépare de ses idéaux. Quarante-quatre ans plus tard, « Le procès Goldman », film de Cédric Kahn, revient sur ce personnage trouble et charismatique." (Lire la suite)