Réalisateur | Desplanques Hélène |
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Fermetures d’usines, délocalisations, licenciements… autant de symptômes d’une crise industrielle, que chaque gouvernement prétend vouloir enrayer mais que rien ne semble arrêter. Que se passe-t-il dans les couloirs de Bercy pour que les promesses de nos dirigeants soient si éloignées de la réalité ?
Hélène Desplanques suit pendant un an et demi les décisions et arbitrages liées au secteur de l’industrie, au sein même du cabinet de la ministre actuelle de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Cette autorisation exceptionnelle de filmer « à Bercy » est une porte d’entrée sur un monde clos, opaque, qui est souvent l’ultime recours des usines qui sont menacées de fermeture. Dans ce lieu où le « laisser-faire le marché » est un dogme puissant, que peut encore la Ministre de l’Industrie quand tombent sur son bureau des dizaines d’entreprises en péril ? Dans une période où la crise de la Covid-19 multiplie les points de tension, un des enjeux central du film est le devenir des fonderies françaises. Le secteur est fortement impacté par la révolution automobile en cours… Face à la toute-puissance des grands industriels de l’Automobile qui refusent de la jouer collectif… Quels sont les moyens de pression dont disposent la ministre de l’industrie face à la casse sociale qui s’annonce ?
"Huit cents emplois chez Bosch, mille sept cents chez Sanofi, huit cent soixante-trois chez Bridgestone… La litanie des plans dits « de sauvegarde de l’emploi » rythme cette immersion au cœur du ministère de l’Industrie. Habituée des luttes sociales (elle avait filmé le combat des ouvrières de Samsonite), la réalisatrice Hélène Desplanques a voulu aller voir de l’autre côté du miroir. Elle a passé une année dans le sillage d’Agnès Pannier-Runacher, étoile montante de la Macronie venue du privé. Réunions de cabinet à Bercy, visites d’entreprises dans toute la France, séances de négociations avec syndicats, élus et employeurs…, la ministre se démène pour tenter d’éviter des catastrophes souvent annoncées, comme dans le secteur de la fonderie. Mais sa capacité d’action paraît bien mince et sa stratégie se résume alors à des opérations de communication perclue de novlangue et d’euphémismes (« une économie résiliente », « le ministère des solutions », « en mode commando », « l’enjeu, c’est de challenger ») destinées à « emballer » les mauvaises nouvelles, tandis que des cabinets d’audit privés se taillent la part du lion pour conseiller l’administration.
La force du film tient à ce qu’il montre un lieu de pouvoir rarement accessible, mais aussi au regard, à la sensibilité de sa réalisatrice. Ni panégyrique ni pamphlet, ce Ministère patient et feutré n’accuse personne, laisse chacun juger des efforts déployés par l’État. Il n’en révèle pas moins l’inconsistance de la politique industrielle de la France, paralysée par une soumission à la loi du marché clairement assumée."
Fermetures d’usines, délocalisations, licenciements… autant de symptômes d’une crise industrielle, que chaque gouvernement prétend vouloir enrayer mais que rien ne semble arrêter. Que se passe-t-il dans les couloirs de Bercy pour que les promesses de nos dirigeants soient si éloignées de la réalité ?
Hélène Desplanques suit pendant un an et demi les décisions et arbitrages liées au secteur de l’industrie, au sein même du cabinet de la ministre actuelle de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Cette autorisation exceptionnelle de filmer « à Bercy » est une porte d’entrée sur un monde clos, opaque, qui est souvent l’ultime recours des usines qui sont menacées de fermeture. Dans ce lieu où le « laisser-faire le marché » est un dogme puissant, que peut encore la Ministre de l’Industrie quand tombent sur son bureau des dizaines d’entreprises en péril ? Dans une période où la crise de la Covid-19 multiplie les points de tension, un des enjeux central du film est le devenir des fonderies françaises. Le secteur est fortement impacté par la révolution automobile en cours… Face à la toute-puissance des grands industriels de l’Automobile qui refusent de la jouer collectif… Quels sont les moyens de pression dont disposent la ministre de l’industrie face à la casse sociale qui s’annonce ?
"Huit cents emplois chez Bosch, mille sept cents chez Sanofi, huit cent soixante-trois chez Bridgestone… La litanie des plans dits « de sauvegarde de l’emploi » rythme cette immersion au cœur du ministère de l’Industrie. Habituée des luttes sociales (elle avait filmé le combat des ouvrières de Samsonite), la réalisatrice Hélène Desplanques a voulu aller voir de l’autre côté du miroir. Elle a passé une année dans le sillage d’Agnès Pannier-Runacher, étoile montante de la Macronie venue du privé. Réunions de cabinet à Bercy, visites d’entreprises dans toute la France, séances de négociations avec syndicats, élus et employeurs…, la ministre se démène pour tenter d’éviter des catastrophes souvent annoncées, comme dans le secteur de la fonderie. Mais sa capacité d’action paraît bien mince et sa stratégie se résume alors à des opérations de communication perclue de novlangue et d’euphémismes (« une économie résiliente », « le ministère des solutions », « en mode commando », « l’enjeu, c’est de challenger ») destinées à « emballer » les mauvaises nouvelles, tandis que des cabinets d’audit privés se taillent la part du lion pour conseiller l’administration.
La force du film tient à ce qu’il montre un lieu de pouvoir rarement accessible, mais aussi au regard, à la sensibilité de sa réalisatrice. Ni panégyrique ni pamphlet, ce Ministère patient et feutré n’accuse personne, laisse chacun juger des efforts déployés par l’État. Il n’en révèle pas moins l’inconsistance de la politique industrielle de la France, paralysée par une soumission à la loi du marché clairement assumée."
Le ministère