Réalisateur | Don Kent |
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Du Brésil au Japon, de la Californie à l'Europe, retour sur une décennie qui a ébranlé le monde.
Ayant vécu à Paris ce que l'on appelle alors les "événements", le réalisateur britannique Don Kent a choisi d'élargir son champ de vision pour évoquer Mai 68. Celui qui était alors étudiant à l'Idhec, l'école de cinéma, se fait le narrateur modeste d'un voyage impressionniste à travers le monde, non sans rendre hommage à ses anciens condisciples en mêlant aux riches, et parfois rares, archives du film certaines de leurs images devenues fameuses (une séquence de La reprise du travail aux usines Wonder). Sans prétendre penser un mouvement déjà analysé tant de fois, et dont l'héritage continue de diviser, il donne la parole à une foule de témoins, aussi divers que pertinents, rencontrés du Brésil au Japon, de la Californie à l'Italie. Certains sont célèbres internationalement (l'ex-guérillera et présidente brésilienne Dilma Rousseff, les philosophes Régis Debray, Toni Negri et Judith Butler, l'ex-Panthère noire Kathleen Cleaver, les écrivains Hélène Cixous, Erri De Luca, Alain Mabanckou et Viet Thanh Nguyen, l'ancien batteur des Doors John Densmore…), d'autres beaucoup moins, à l'instar de ces extraordinaires activistes japonaises (l'une pacifiste, l'autre féministe), animées d'une foi restée intacte au fil du demi-siècle.
Quarante ans après Chris Marker (Le fond de l'air est rouge, 1977), Don Kent fait revivre ce basculement planétaire en évitant l'hommage commémoratif empesé. Car il ne cesse de bifurquer avec ses interlocuteurs dans des directions inattendues, au gré de rafraîchissants pas de côté. Par exemple, quelques notes de Bach égrenées par la pianiste chinoise Zhu Xiao-Mei, rescapée de la Révolution culturelle, un ahurissant diagramme politique esquissé par le ludion brésilien Tom Zé, ou l'amertume obscurément touchante de l'écrivain américain David Horowitz, ex-gauchiste radical reconverti en néoconservateur…
En 1968 et 1969, alors qu'au sud-Viêtnam, les États-Unis s'engagent de plus en plus massivement dans la guerre, une vague de contestation déferle sur la planète. Dans des pays aussi différents que les vieilles nations européennes et japonaise, les États-Unis, le Mexique, le Brésil sous dictature militaire, la Tchécoslovaquie communiste ou le Zaïre de Mobutu, la jeunesse étudiante constitue souvent le fer de lance de cette révolte multiforme et globale.
Si la révolution souhaitée échoue bien souvent dans la violence, des aventures sanglantes de la Fraction Armée rouge (RAF) allemande à celles des Brigades rouges italiennes, de l'assassinat de Martin Luther King, en 1968, au coup d'État de Pinochet, au Chili, en 1973, les revendications sociétales, des mouvements féministe et gay à l'enracinement de l'écologie, amorcent des changements en profondeur, toujours à l'œuvre cinquante ans après.
Du Brésil au Japon, de la Californie à l'Europe, retour sur une décennie qui a ébranlé le monde.
Ayant vécu à Paris ce que l'on appelle alors les "événements", le réalisateur britannique Don Kent a choisi d'élargir son champ de vision pour évoquer Mai 68. Celui qui était alors étudiant à l'Idhec, l'école de cinéma, se fait le narrateur modeste d'un voyage impressionniste à travers le monde, non sans rendre hommage à ses anciens condisciples en mêlant aux riches, et parfois rares, archives du film certaines de leurs images devenues fameuses (une séquence de La reprise du travail aux usines Wonder). Sans prétendre penser un mouvement déjà analysé tant de fois, et dont l'héritage continue de diviser, il donne la parole à une foule de témoins, aussi divers que pertinents, rencontrés du Brésil au Japon, de la Californie à l'Italie. Certains sont célèbres internationalement (l'ex-guérillera et présidente brésilienne Dilma Rousseff, les philosophes Régis Debray, Toni Negri et Judith Butler, l'ex-Panthère noire Kathleen Cleaver, les écrivains Hélène Cixous, Erri De Luca, Alain Mabanckou et Viet Thanh Nguyen, l'ancien batteur des Doors John Densmore…), d'autres beaucoup moins, à l'instar de ces extraordinaires activistes japonaises (l'une pacifiste, l'autre féministe), animées d'une foi restée intacte au fil du demi-siècle.
Quarante ans après Chris Marker (Le fond de l'air est rouge, 1977), Don Kent fait revivre ce basculement planétaire en évitant l'hommage commémoratif empesé. Car il ne cesse de bifurquer avec ses interlocuteurs dans des directions inattendues, au gré de rafraîchissants pas de côté. Par exemple, quelques notes de Bach égrenées par la pianiste chinoise Zhu Xiao-Mei, rescapée de la Révolution culturelle, un ahurissant diagramme politique esquissé par le ludion brésilien Tom Zé, ou l'amertume obscurément touchante de l'écrivain américain David Horowitz, ex-gauchiste radical reconverti en néoconservateur…
En 1968 et 1969, alors qu'au sud-Viêtnam, les États-Unis s'engagent de plus en plus massivement dans la guerre, une vague de contestation déferle sur la planète. Dans des pays aussi différents que les vieilles nations européennes et japonaise, les États-Unis, le Mexique, le Brésil sous dictature militaire, la Tchécoslovaquie communiste ou le Zaïre de Mobutu, la jeunesse étudiante constitue souvent le fer de lance de cette révolte multiforme et globale.
Si la révolution souhaitée échoue bien souvent dans la violence, des aventures sanglantes de la Fraction Armée rouge (RAF) allemande à celles des Brigades rouges italiennes, de l'assassinat de Martin Luther King, en 1968, au coup d'État de Pinochet, au Chili, en 1973, les revendications sociétales, des mouvements féministe et gay à l'enracinement de l'écologie, amorcent des changements en profondeur, toujours à l'œuvre cinquante ans après.
Les années 68 - Première partie
Les années 68 - Deuxième partie