Réalisateur | Jocelyne Saab |
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Ce film, tourné au cours des premiers mois du «Printemps perse », est le témoin d’un moment historique où tous les possibles sont sur la table. Trente-cinq millions d’iraniens cherchent dans l’utopie d’un islam nouveau à reconquérir une identité culturelle. Et l’aspiration à la liberté d’un peuple, trop longtemps brimé par la dictature du Shah, s’exprime de façons contradictoires. La caméra suit alors dans le bazar d’Ispahan la campagne électorale d’un député de tendance libérale ; à l’université de Téhéran, les violentes diatribes entre partisans de Shariati et ceux de Khomeini. Dans les rues de la capitale, l’objectif enregistre les actions punitives des nouveaux nervis de la pureté islamique : les Hezbollahis.
Nous assistons aussi à l’entraînement des premiers Basijs et Pasdarans, bras armés de l’ordre en gestation dont la mission est de lutter contre les tentations autonomistes. Car l’Iran est un pays multiethnique. Dans les montagnes du Nord, la minorité kurde forme elle aussi ses brigades : les Peshmerga. A l’Est, les tribus du Baloutchistan renouent des contacts avec leurs frères Afghans, de l’autre côté des frontières.
Iran, l’utopie en marche donne au spectateur une grille de lecture qui l’aide à comprendre les enjeux actuels dans cette région. »
Ce film a fait l’objet d’une restauration récente. Il est aussi dans le coffret DVD Jocelyne Saab cinéaste
- Visiter le site de l'association Jocelyne Saab
« Quand j’ai fait le bilan de tout cela à partir de Beyrouth (trois films) qui est le symbole de mon pays, j’étais dans une période de doute et j’ai voyagé au Sahara, en Iran, en Égypte… Je me suis intéressée à ces pays pour voir si je voyais bien les choses. Je me suis aperçue qu’intuitivement je suivais la même démarche : en Iran, j’étais fascinée par cette époque révolutionnaire, ce que j’en savais : combats à l’arme blanche, chute du Chah. J’y ai retrouvé tous les relents révolutionnaires que j’avais connus, auxquels j’avais adhéré : mouvement des étudiants américains, Woodstock, mai 1968. Je suis arrivée à la fin de l’époque révolutionnaire et puis tout s’est effondré. J’ai encore joué là-bas l’impressionnisme, laissé aller ma sensibilité. Le film s’appelle L’Utopie ne marche pour souligner ce mouvement de passe, cette nouvelle idéologie communautaire qui s’édifiait et les dangers vers lesquels ce pays pouvait aller. »
Propos recueillis par Sylvie Dallet à Paris en octobre 1983.
Ce film, tourné au cours des premiers mois du «Printemps perse », est le témoin d’un moment historique où tous les possibles sont sur la table. Trente-cinq millions d’iraniens cherchent dans l’utopie d’un islam nouveau à reconquérir une identité culturelle. Et l’aspiration à la liberté d’un peuple, trop longtemps brimé par la dictature du Shah, s’exprime de façons contradictoires. La caméra suit alors dans le bazar d’Ispahan la campagne électorale d’un député de tendance libérale ; à l’université de Téhéran, les violentes diatribes entre partisans de Shariati et ceux de Khomeini. Dans les rues de la capitale, l’objectif enregistre les actions punitives des nouveaux nervis de la pureté islamique : les Hezbollahis.
Nous assistons aussi à l’entraînement des premiers Basijs et Pasdarans, bras armés de l’ordre en gestation dont la mission est de lutter contre les tentations autonomistes. Car l’Iran est un pays multiethnique. Dans les montagnes du Nord, la minorité kurde forme elle aussi ses brigades : les Peshmerga. A l’Est, les tribus du Baloutchistan renouent des contacts avec leurs frères Afghans, de l’autre côté des frontières.
Iran, l’utopie en marche donne au spectateur une grille de lecture qui l’aide à comprendre les enjeux actuels dans cette région. »
Ce film a fait l’objet d’une restauration récente. Il est aussi dans le coffret DVD Jocelyne Saab cinéaste
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« Quand j’ai fait le bilan de tout cela à partir de Beyrouth (trois films) qui est le symbole de mon pays, j’étais dans une période de doute et j’ai voyagé au Sahara, en Iran, en Égypte… Je me suis intéressée à ces pays pour voir si je voyais bien les choses. Je me suis aperçue qu’intuitivement je suivais la même démarche : en Iran, j’étais fascinée par cette époque révolutionnaire, ce que j’en savais : combats à l’arme blanche, chute du Chah. J’y ai retrouvé tous les relents révolutionnaires que j’avais connus, auxquels j’avais adhéré : mouvement des étudiants américains, Woodstock, mai 1968. Je suis arrivée à la fin de l’époque révolutionnaire et puis tout s’est effondré. J’ai encore joué là-bas l’impressionnisme, laissé aller ma sensibilité. Le film s’appelle L’Utopie ne marche pour souligner ce mouvement de passe, cette nouvelle idéologie communautaire qui s’édifiait et les dangers vers lesquels ce pays pouvait aller. »
Propos recueillis par Sylvie Dallet à Paris en octobre 1983.
Iran, l'utopie en marche