Réalisateur | Castrillón María Lucía |
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Inger Servolin est l’une des premières femmes productrices de documentaires en France. Elle fonde en 1968 la coopérative Slon devenue Iskra en 1973, une des rares maisons de productions de l’époque qui existe encore. Ces films constituent une part essentielle du patrimoine documentaire français.
> Pour ACTIVER LES SOUS-TITRES ANGLAIS ou ESPAGNOL : utilisez le petit engrenage en bas à droite de votre écran de lecture.
Inger Servolin est, à ma connaissance, la première femme productrice de documentaires en France. Aujourd’hui, si, heureusement, elle n’est plus la seule, elle demeure l’une des plus importantes. Elle a ouvert la voie à un cinéma militant avec une exigence artistique constante. Avec Chris Marker et ceux qui les entouraient, elle a joué un rôle-clef dans la création d’un nouveau cinéma, libre, indépendant, engagé, au cœur de la société, au cœur des usines, sans concession.
Inger a fait du manque de moyens, l’occasion d’expérimenter des formes de production et de partage, avec une incroyable liberté. Elle a su maintenir la flamme, résister à tout formatage, « jongler » avec les contraintes de la coproduction, sans trahir ses principes.
Lorsque je regarde les films de SLON-ISKRA, je perçois les traces d’une ligne éditoriale sans faille : mouvements sociaux, travail, immigration, condition des femmes, guerre, répression. Ce stock, on peut en faire l’inventaire, mais ce qui en a permis la constitution n’est pas comptabilisable. Ce ne sont pas seulement des images qu’Inger a contribué à fabriquer, à travers son parcours et son œuvre, c’est un discours qui s’est constitué et, bien qu’il n’y ait pas de productrice sans réalisateur, c’est le discours d’une femme.
Elle a vu le monde changer et beaucoup d’espérances mises à mal, mais elle garde une ligne exigeante et des convictions profondes. Elle a su mettre en jeu son désir, ni de manière narcissique, ni dans une posture sacrificielle, pour rendre possible un cinéma auquel elle croit. Elle est la mémoire vivante d’un documentaire réinventé. Je voudrais que ce film lui donne la place qui est la sienne dans l’histoire du cinéma. MARÍA-LUCÍA CASTRILLÓN
D’origine norvégienne, elle se marie avec Claude Servolin. Elle fréquente divers groupes, cherche une alternative à une activité professionnelle (import-export spéculatif) qu’elle juge inique. Chris Marker lui demande de faire le nécessaire pour créer un outil de travail qui permette de réaliser, produire et diffuser des films de manière autonome.
Elle fonde SLON (Société pour le Lancement des Œuvres Nouvelles) à Bruxelles. Marker est l’initiateur, Inger est la productrice d’une expérience inédite de cinéma ouvrier. Alexandre Medvedkine vient à Paris pour le tournage du film Le train en marche. Inger le produit et distribue aussi Le Bonheur (1934), avec une nouvelle bande-son pour laquelle elle négocie les droits musicaux. Pendant cette période, Inger parcoure l’Europe, seule en voiture, pour vendre les films aux télévisions de Belgique, Hollande, Allemagne, Danemark, Suède, Norvège. Une stratégie commerciale qui représentent les seules recettes de SLON.
Le coup d’Etat chilien marque la fin d’une époque. La possibilité de continuer à fonctionner en tant que coopérative déclarée en Belgique devient impraticable. Inger crée Iskra court-métrage (Image, Son, Kinescope, Réalisation, Audiovisuelle) à Paris. À partir de chutes des films produits par SLON, Marker initie le projet qui deviendra Le fond de l’air est rouge. Inger comprend très vite qu’il s’agissait d’un long métrage et change le statut de la société. Après 3 ans de montage, de contrats de coproductions et de droits des images venues du monde entier, sort la première version française du film de 4 heures.
Inger a besoin de se ressourcer. Elle suit des cours National Films School de London et au Pays de Galles participe à la production des films de fiction. Le retour en France est une période difficile. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir le cinéma militant perd de son intérêt. La production s’arrête, ISKRA risque de perdre son catalogue et traverse une grande crise. La loi Lang en faveur de la production audiovisuelle indépendante, permet à Inger de signer ses premiers contrats de coproduction avec des chaînes nationales. Elle commence enfin à recevoir un salaire. Inger s’adapte aux nouvelles formes de productions, constitue une nouvelle équipe.
Inger prend sa retraite, toujours en assumant la gérance d’ISKRA. Le catalogue de SLON-ISKRA compte aujourd’hui plus de 160 films.
D’origine colombienne elle a adopté la France depuis longtemps, et a toujours travaillé dans l’audiovisuel, alternant entre réalisation, production, pédagogie et gestion de projets. Elle a dirigé le service de communication et le magazine culturel hebdomadaire Gaceta, pour le Ministère de la Culture Colombien, puis le Centre de Production de Télévision de l’Université d’Antioquia. Membre fondatrice de la revue de cinéma Kinetoscopio, elle enseigne dans plusieurs centres, universités en France et en Colombie, accompagne la réalisation de projets et assure des atelier d’éducation à l’image. Elle a réalisé plusieurs documentaires notamment Les trésors de la Centena, (27 min. 1992), Prix du Centre de Recherche en Sciences Sociales 1994, Université Pontificia Bolivariana, Medellin, Colombie. Et De los pitos, chinchorros, vinchucas y barbeiros, (24 min, 2000), coproduction Prix Videomed Tucuman, Filmóbidos 2001, Obidos, Portugal. Lettre à Inger est son premier long-métrage.
un film écrit réalisé et monté par : MARĺA LUCÍA CASTRILLÓN avec le soutien précieux de PAUL PÉREZ
interprétation des lettres : MANON LEROY
soutien à l’image : ANDRE LAFFONT et NICOLAS- CHOPIN-DESPRES
soutien au montage image SUZANNE FENN et MARINE DE CONTES
montage son et mixage : ANTOINE BAILLY
musiques : MANU LA MAIN ROUGE, RAÚL MAYA et RODRIGO HENAO
productrice exécutive : CAMILLE CHANDELLIER
productrice : LAURA TOWNSEND - LA RUCHE PRODUCTIONS (2018)
Inger Servolin est l’une des premières femmes productrices de documentaires en France. Elle fonde en 1968 la coopérative Slon devenue Iskra en 1973, une des rares maisons de productions de l’époque qui existe encore. Ces films constituent une part essentielle du patrimoine documentaire français.
> Pour ACTIVER LES SOUS-TITRES ANGLAIS ou ESPAGNOL : utilisez le petit engrenage en bas à droite de votre écran de lecture.
Inger Servolin est, à ma connaissance, la première femme productrice de documentaires en France. Aujourd’hui, si, heureusement, elle n’est plus la seule, elle demeure l’une des plus importantes. Elle a ouvert la voie à un cinéma militant avec une exigence artistique constante. Avec Chris Marker et ceux qui les entouraient, elle a joué un rôle-clef dans la création d’un nouveau cinéma, libre, indépendant, engagé, au cœur de la société, au cœur des usines, sans concession.
Inger a fait du manque de moyens, l’occasion d’expérimenter des formes de production et de partage, avec une incroyable liberté. Elle a su maintenir la flamme, résister à tout formatage, « jongler » avec les contraintes de la coproduction, sans trahir ses principes.
Lorsque je regarde les films de SLON-ISKRA, je perçois les traces d’une ligne éditoriale sans faille : mouvements sociaux, travail, immigration, condition des femmes, guerre, répression. Ce stock, on peut en faire l’inventaire, mais ce qui en a permis la constitution n’est pas comptabilisable. Ce ne sont pas seulement des images qu’Inger a contribué à fabriquer, à travers son parcours et son œuvre, c’est un discours qui s’est constitué et, bien qu’il n’y ait pas de productrice sans réalisateur, c’est le discours d’une femme.
Elle a vu le monde changer et beaucoup d’espérances mises à mal, mais elle garde une ligne exigeante et des convictions profondes. Elle a su mettre en jeu son désir, ni de manière narcissique, ni dans une posture sacrificielle, pour rendre possible un cinéma auquel elle croit. Elle est la mémoire vivante d’un documentaire réinventé. Je voudrais que ce film lui donne la place qui est la sienne dans l’histoire du cinéma. MARÍA-LUCÍA CASTRILLÓN
D’origine norvégienne, elle se marie avec Claude Servolin. Elle fréquente divers groupes, cherche une alternative à une activité professionnelle (import-export spéculatif) qu’elle juge inique. Chris Marker lui demande de faire le nécessaire pour créer un outil de travail qui permette de réaliser, produire et diffuser des films de manière autonome.
Elle fonde SLON (Société pour le Lancement des Œuvres Nouvelles) à Bruxelles. Marker est l’initiateur, Inger est la productrice d’une expérience inédite de cinéma ouvrier. Alexandre Medvedkine vient à Paris pour le tournage du film Le train en marche. Inger le produit et distribue aussi Le Bonheur (1934), avec une nouvelle bande-son pour laquelle elle négocie les droits musicaux. Pendant cette période, Inger parcoure l’Europe, seule en voiture, pour vendre les films aux télévisions de Belgique, Hollande, Allemagne, Danemark, Suède, Norvège. Une stratégie commerciale qui représentent les seules recettes de SLON.
Le coup d’Etat chilien marque la fin d’une époque. La possibilité de continuer à fonctionner en tant que coopérative déclarée en Belgique devient impraticable. Inger crée Iskra court-métrage (Image, Son, Kinescope, Réalisation, Audiovisuelle) à Paris. À partir de chutes des films produits par SLON, Marker initie le projet qui deviendra Le fond de l’air est rouge. Inger comprend très vite qu’il s’agissait d’un long métrage et change le statut de la société. Après 3 ans de montage, de contrats de coproductions et de droits des images venues du monde entier, sort la première version française du film de 4 heures.
Inger a besoin de se ressourcer. Elle suit des cours National Films School de London et au Pays de Galles participe à la production des films de fiction. Le retour en France est une période difficile. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir le cinéma militant perd de son intérêt. La production s’arrête, ISKRA risque de perdre son catalogue et traverse une grande crise. La loi Lang en faveur de la production audiovisuelle indépendante, permet à Inger de signer ses premiers contrats de coproduction avec des chaînes nationales. Elle commence enfin à recevoir un salaire. Inger s’adapte aux nouvelles formes de productions, constitue une nouvelle équipe.
Inger prend sa retraite, toujours en assumant la gérance d’ISKRA. Le catalogue de SLON-ISKRA compte aujourd’hui plus de 160 films.
D’origine colombienne elle a adopté la France depuis longtemps, et a toujours travaillé dans l’audiovisuel, alternant entre réalisation, production, pédagogie et gestion de projets. Elle a dirigé le service de communication et le magazine culturel hebdomadaire Gaceta, pour le Ministère de la Culture Colombien, puis le Centre de Production de Télévision de l’Université d’Antioquia. Membre fondatrice de la revue de cinéma Kinetoscopio, elle enseigne dans plusieurs centres, universités en France et en Colombie, accompagne la réalisation de projets et assure des atelier d’éducation à l’image. Elle a réalisé plusieurs documentaires notamment Les trésors de la Centena, (27 min. 1992), Prix du Centre de Recherche en Sciences Sociales 1994, Université Pontificia Bolivariana, Medellin, Colombie. Et De los pitos, chinchorros, vinchucas y barbeiros, (24 min, 2000), coproduction Prix Videomed Tucuman, Filmóbidos 2001, Obidos, Portugal. Lettre à Inger est son premier long-métrage.
un film écrit réalisé et monté par : MARĺA LUCÍA CASTRILLÓN avec le soutien précieux de PAUL PÉREZ
interprétation des lettres : MANON LEROY
soutien à l’image : ANDRE LAFFONT et NICOLAS- CHOPIN-DESPRES
soutien au montage image SUZANNE FENN et MARINE DE CONTES
montage son et mixage : ANTOINE BAILLY
musiques : MANU LA MAIN ROUGE, RAÚL MAYA et RODRIGO HENAO
productrice exécutive : CAMILLE CHANDELLIER
productrice : LAURA TOWNSEND - LA RUCHE PRODUCTIONS (2018)